1er dimanche de carême : Jésus est mis à l’épreuve (Gn 2, 7-9. 3, 1-7 ; Mt 4, 1-10)

(Homélie du 1er dimanche de carême, (Gn 2, 7-9. 3, 1-7 ; Mt 4, 1-10), 5 mars 2017)

Chaque année, nous méditons, lors du 1er dimanche de carême, sur le récit des tentations de Jésus au désert. Le thème est connu mais l’événement difficilement discernable. Cette année, pour nous introduire à ce récit, la liturgie nous propose cet autre récit, non moins connu, de la tentation de l’homme et de la femme dans le jardin d’Eden. Dieu avait bien fait les choses et tout donné pour leur bonheur. Mais ils ont tout gâché par leur désobéissance.

Je n’aime pas le mot tentation. Je lui préfère le mot épreuve. Il s’agit d’une mise à l’épreuve, comme nous en connaissons dans les aléas de la vie. D’ailleurs la première lecture résume la situation. L’homme et la femme ont connu l’épreuve lorsqu’on leur fait miroiter qu’ils peuvent être ‘comme des dieux’. La voilà, sans doute, l’épreuve fondamentale qui traverse tous les temps : « Je suis comme Dieu et tout tourne autour de moi ! » Le serpent réveille des rêves de toute puissance, et de domination. Être adulé ; ne supporter aucune résistance à ses projets. Quelle prétention ! Combien de personnes ont souffert, et souffrent encore, parce que d’autres les prennent comme des sujets serviles qui leur doivent tout ? Sans doute les récits bibliques sont exemplaires, mais ils rejoignent bien notre actualité.

Le récit évangélique nous dit que Jésus n’a pas échappé à l’épreuve. Bien au contraire, le désert apparaît ici comme un lieu de vérité. On est en face de soi-même et des choix à faire.

  • Jésus a dû refuser d’utiliser les éléments du monde pour son propre profit : « que ces pierres deviennent des pains ». Un auteur dit que Satan propose un « fast-food du désert » ! C’est tellement facile et tellement tentant ! Mais le piège se referme sur la personne qui vit en vase clos, sur elle-même, alors que chacun et chacune est appelé à s’ouvrir à la parole de Dieu. Les biens mis à notre disposition ne sont pas le dernier mot de la vie. Le risque reste grand d’idolâtrer les biens terrestres et d’oublier une autre nourriture, spirituelle, celle-là.
  • Jésus a dû refuser d’obliger Dieu d’intervenir pour son propre profit. S’il se jette en bas, Dieu le secourra. Mais Jésus a ressenti fortement cette tentation. N’a-t-il pas lutté lorsqu’à Gethsémani, il a consenti à aller jusqu’au bout. Pourtant sa première prière était bien : « que ce calice passe loin de moi ». L’instant d’après il continue : « non pas ce que je veux, mais ce que tu veux ». Comment consentir aujourd’hui à la volonté de Dieu sur nous ?
  • Il a dû refuser de se détourner de Dieu en étant reconnu comme roi. C’est dans l’évangile de Saint Jean que nous trouvons cette scène : après le miracle des pains, les gens voulaient prendre Jésus et le faire roi. Mais Jésus s’est retiré, comprenant que cela allait le détourner de sa véritable mission. Oui, il faut du cran pour rester fidèle à l’appel entendu et, pour nous, pour aller jusqu’au bout de notre baptême.

L’évangéliste Matthieu résume, en un récit exemplaire, des épisodes divers du ministère de Jésus. Ainsi lorsque Pierre se met en travers du chemin pour empêcher Jésus d’aller à Jérusalem, il se voit rétorquer sans ménagement : « Arrière, Satan ». Ce jour-là Pierre est devenu véritablement un ‘satan’, un ‘adversaire’, un ‘diable’. Le mot diable vient d’un mot qui signifie « se jeter en travers ».

L’évangéliste a un objectif. Il nous montre que Jésus a surmonté l’épreuve là où l’homme et la femme avaient désobéi, mais aussi là où le peuple d’Israël était tombé dans le désert. Il est véritablement l’homme nouveau, le nouvel Israël, capable de rester fidèle dans toutes les difficultés de la vie.

Le carême est un temps favorable pour tester la fidélité à notre baptême. De nombreuses propositions nous sont faites. Sachons les saisir comme des occasions pour réorienter notre vie.

Père Christian

Cathédrale d’Autun – La tentation au désert.