5ème dimanche de carême : “Lazare, sors”

(Homélie du 5ème dimanche de carême, 2 avril 2017)

Ce 5ème dimanche de carême précède le dimanche des Rameaux et la semaine sainte qui nous conduira à Pâques. Le thème est celui de la vie plus forte que la mort, que toute forme de mort. Chacune des lectures le dit à sa manière.

  • Dans la 1ère lecture, le prophète Ezéchiel comprend, dans une vision extraordinaire, que Dieu veut redonner vie au peuple anéanti. Les Israélites sont comme des ossements éparpillés sur le sol d’une vallée. Et Dieu va donner son esprit de vie. Le peuple a un avenir.
  • Dans la deuxième lecture tirée de la lettre aux Romains, saint Paul nous apprend que l’Esprit de vie peut vaincre les forces de mort qui risquent de nous envahir.
  • Dans l’évangile, Jésus est directement concerné par la mort de son ami Lazare. Curieusement il ne cherche pas à l’empêcher de mourir. On a plutôt l’impression qu’il prend son temps : il veut signifier que la mort inéluctable de Lazare ne clôt pas tout le chapitre de sa vie avec ses proches et avec Dieu.

Le Christianisme se situe sur une ligne de crête bien étroite, celle où l’affirmation de la mort ne saurait être le dernier mot de la vie. Je voudrais faire trois remarques pour nous aider à méditer et à prier.

Tout d’abord, Jésus se montre toujours aux avant-postes quand il s’agit de manifester la vie. C’est une constante de son ministère. Ne serait-ce que dans l’évangile de Jean : il donne du vin en abondance à Cana, il donne du pain en abondance aux personnes qui ont écouté son enseignement, il guérit le fils d’un officier royal, à un aveugle il donne accès à la lumière. Aussi quand Jésus dit : « Lazare, sors », il manifeste cette abondance de vie. Aujourd’hui la vie d’une personne semble bien fragile. Pour un rien, des personnes se font tuer parce qu’elles ont eu tort d’en gêner d’autres dans leurs œuvres inavouables, parce qu’elles ne sont pas là où il faut. D’autres ont eu la mauvaise fortune de naître dans une région où leurs droits ne sont pas respectés et où elles manquent du minimum vital. Comment allons-nous manifester la vie ? A quels avant-postes sommes-nous prêts de nous exposer pour vaincre les forces de mort ? C’est aujourd’hui le dimanche du CCFD : cette organisation catholique s’efforce d’améliorer la vie des populations défavorisées. Nous devons dire merci pour ceux et celles qui s’engagent en défiant les découragements, les entraves des lobbys puissants et l’usure du temps.

La résurrection de Lazare est le septième signe que rapporte l’évangéliste Jean à propos de Jésus. Sept : le chiffre de la perfection ! Le premier de ces signes est celui de Cana quand Jésus avait donné le vin en abondance, signe de la fête. Là Jésus avait manifesté sa gloire. Et, ajoute l’évangéliste, ses disciples crurent en lui. Avec l’épisode de Lazare, revient le même thème : « Si tu crois, tu verras la gloire de Dieu. » Jésus ne perd pas de vue l’enjeu essentiel : la foi de ses interlocuteurs. Ici la foi de Marthe. Mais Marie l’avait précédée : « Oui, Seigneur, je le crois, tu es le Christ, le Fils de Dieu » ; pour elle, de Jésus surgit la vie. Comme tout disciple, nous sommes placés dans la dynamique du croire. Nous allons dire tout-à-l’heure : « Je crois dans la résurrection des morts. » Et nous voilà renvoyés dans nos retranchements : croire que la vie est plus forte que la mort et la célébrer en Jésus.

Enfin, écrit Saint Paul, il convient de combattre la mort spirituelle. Reconnaissons-le, parfois nous perdons le tonus du baptême. Bien pire, nous nous sentons paralysés par des choix douteux. Cette mort spirituelle laisse peu de place à l’Esprit de Dieu, car le péché nous marque de son emprunte. Cette semaine, nous aurons l’occasion, si nous le voulons, de vivre un temps de renouvellement spirituel par le sacrement de réconciliation. Tirons profit de ce temps favorable : le Seigneur veut nous faire revivre et nous entraîner dans sa Pâque.

Père Christian

Jésus et Lazare. Fresque de Giotto (1306). Padoue.