Dieu nous visite et nous adresse des paroles de paix (homélie du 25 déc.)

Homélie de la messe de Noël (25 décembre 2019)

La nuit dernière nous avons entendu le récit de la naissance de Jésus à Bethléem. Tout est fait pour s’émerveiller, comme les bergers venus voir le nouveau né auprès de ses parents. On invoque la joie que cette naissance a provoquée : une joie contagieuse qui s’exprime par des chants. La nuit se remplit de lumière : non pas une lumière qui vacille, mais telle que la nuit s’illumine. Les décorations de nos rues et de nos maisons traduisent bien cette tradition venue de loin.

Le jour de Noël baigne lui aussi dans la même lumière et la même joie. La première lecture, tirée du prophète Isaïe, puise à cette source. L’évangile parle lui aussi de lumière. Mais les lectures de cette messe nous livrent un autre aspect de Noël, un peu comme une maison : côté rue ou côté jardin, c’est la même maison, mais on la découvre sous deux aspects différents. Les auteurs insistent sur l’irruption d’une parole qui marque l’histoire.

Le livre d’Isaïe nous dit qu’un messager vient nous annoncer la paix. Ne boudons pas notre joie. Nous avons tellement besoin de paix aujourd’hui. Nous savons qu’elle reste difficile à établir, toujours fragile et remise en question en raison des susceptibilités et des égoïsmes. Mais Jésus, avons-nous entendu cette nuit, est « Prince de la Paix ». Cette parole nous fait du bien si nous la faisons nôtre et si nous nous laissons transformer pour qu’elle devienne réalité. Un vrai défi pour nous avec une question : ai-je le désir que la paix vienne en moi et autour de moi?

La deuxième lecture paraît très austère. Pourtant elle renvoie à une expérience que les jeunes parents font. J’imagine que beaucoup ont guetté les premiers mots de leur enfant : les premiers ‘areu, areu’. On imagine Marie et Joseph guettant les premiers mots de Jésus. Curieusement l’auteur de la lettre aux Hébreux nous dit, à sa manière, que les mots du « Premier-né » sont les derniers mots de Dieu. Sans doute faut-il expliquer.

  • Premier-né : à travers cette appellation, la Bible ne considère pas le nombre, mais la qualité de la personne. Il mérite d’être en tête de liste pour entraîner toute l’humanité et toute la création sur un chemin qui conduit vers Dieu.
  • Mais voilà que Dieu parle en Jésus. Sans doute connaissons-nous le jeu télévisé où le présentateur demande si c’est le dernier mot avant de valider la réponse. Après cela impossible de revenir en arrière ! Jésus est le dernier mot de Dieu. En lui Dieu a dit l’essentiel de son amour sans limites pour notre humanité blessée.

L’évangile, quant à lui, nous dit que Jésus est parole de Dieu : la Verbe, la parole. Cette parole va de pair avec la vie et la lumière. Il y a tellement de paroles qui engendrent la mort et plongent dans les ténèbres. Des personnes ne se relèvent pas de paroles méchantes qui avilissent. Alors il faut célébrer les paroles qui font du bien et ouvrent un horizon de vie partagée.

 

Dieu a-t-il une chance d’être entendu? Au moment où les réseaux sociaux emballent les opinions, il convient de trouver le créneau où le message pourra être entendu.

  • Premier créneau : l’espace intérieur. Souvent je recommande à des futurs mariés de faire silence pour écouter ce que l’autre a à lui dire et, parfois, pour entendre ce qu’il ne dit pas (sa souffrance, son mal-être). Faire silence pour entendre ce que Dieu a à me dire et à dire à notre monde. Quel défi pour notre temps !
  • Deuxième chance : véhiculer des paroles de paix et de vie, parce ces paroles dilatent le cœur, tandis que les paroles de haine aigrissent les esprits et renferment les gens sur l’incompréhension et la colère. Alors, en ce temps de fête, qui vais-je visiter pour dire une parole de paix ? Faisant ainsi, nous remplirons notre rôle de témoins, comme Jean Baptiste qui a témoigné de la lumière.
  • Troisième chance : nous imprégner de l’évangile pour découvrir Dieu en Jésus. Si nous disons que Dieu est lointain, qu’il se moque bien de ce qui se passe dans le monde, alors lisons l’évangile. Nous découvrirons qu’en Jésus, il s’est fait proche de nous et qu’il a visité notre humanité. C’est le thème de notre crèche. Ouvrons donc nos cœurs pour accueillir le Seigneur au jour de sa visite.

 

Père Christian Berton