En mémoire de Robert Gévaudan

Le Père Robert Gévaudan était une figure connue de notre paroisse St Maurice des Champs. Il a vécu à Lille 11 années de sa longue vie.

De 1986 à 1990 il a été animateur missionnaire, ce qui lui a valu de sillonner les routes du Nord et du Pas-de-Calais pour ouvrir les communautés chrétiennes à la dimension universelle de la mission. Il pouvait parler de sa longue expérience au Congo. Il est revenu en 2009 pour un temps de retraite, à vrai dire active. Robert aimait visiter les gens, notamment les malades qu’il écoutait avec beaucoup d’attention. Il avait le charisme de l’accompagnement spirituel.

Il n’a jamais vraiment laissé son ministère. Jusque dans les derniers mois, il téléphonait beaucoup pour prendre des nouvelles des uns et des autres et les réconforter.

Robert ne s’est jamais départi de son accent rocailleux de la Lozère, mais son visage laissait transparaître la sérénité et la joie d’accueillir les personnes. On ne résume pas une si longue vie en quelques lignes. Je voudrais seulement témoigner de quelques traits de sa personnalité.

 

. Sa mémoire extraordinaire. Il avait la capacité de retenir les noms et les situations. Il n’était pas rare, lorsqu’il était au Congo, de dire à une personne qui le rencontrait la première fois : oui, j’ai connu ton père, ta mère, ta tante, ton cousin… Ils habitent à tel endroit, dans telle rue…

. Un réseau de relations qu’il entretenait. Un jour une personne téléphone à la maison, me disant qu’elle était venue chercher le P. Robert à la gare du Nord à Paris et qu’elle ne le trouvait pas. Et d’ajouter : « Je suis sa nièce ». Reconnaissant l’accent congolais, je la salue en lari (une des langues du Congo) en me disant : combien de nièces et de neveux, comme cette femme, se réclament d’une parenté spirituelle avec Robert ? Il avait le goût de la rencontre et de l’accueil des personnes. Parmi elles, les congolais et les congolaises avec qui il a partagé 51 ans de sa vie lui sont reconnaissants, mais aussi tous ceux et celles qu’il a croisés sur son chemin de vie, y compris ici à Lille.

. Un homme de compassion. Robert ne restait pas insensible à la souffrance des personnes. Il prenait le temps de les visiter et de les écouter. Être là, sans pouvoir dire grand-chose, était pour lui essentiel. Sa présence respirait la bonté. Dans certains cas, il montrait une patience infinie avec l’une ou l’autre personne. Cela faisait partie de son ministère. A sa manière, il disait à chacun : « Tu as du prix pour Dieu. »

. Un homme d’Eglise. Robert a donné sa vie pour que l’Eglise témoigne du Christ. Au Congo, elle vivait au rythme des petites communautés chrétiennes dans les villages. Robert faisait confiance aux laïcs, hommes et femmes qui les animaient sans compter leur temps. Il s’appuyait sur eux. Il avait la joie de les former et de leur confier des responsabilités. Il les admirait profondément. Avec eux et grâce à eux, il a construit une église dédiée à St Joseph ouvrier, à Linzolo, au Congo. Il ne tarissait pas d’éloges devant tous les bénévoles qui n’ont pas ménagé leurs peines : « C’est leur église, tu comprends, ils l’ont construite avec leurs mains », m’avait-il dit.

. Un homme disponible. La force de Robert résidait dans sa disponibilité. Il s’intéressait à ce qui émergeait. N’a-t-il pas participé aux groupes ‘alpha’ lorsqu’ils ont commencé sur la paroisse St Maurice des Champs. Il a noué là de grandes amitiés. Revenu à Lille, il a accompagné une équipe du MCR, une autre END, puis une équipe Reliance.

. Un homme de prière. C’était une constante. Après s’être levé à 5 h 30 chaque matin et après avoir dressé la table du petit déjeuner, Robert allait dans la chapelle pour un temps de prière, au minimum ¾ heure. Respiration essentielle pour trouver dans le silence l’énergie qui le lançait vers les gens.

Dans les dernières années à Lille, Robert prenait, chaque jour, un temps long pour lire la Bible. Mais cette habitude l’habitait sans doute depuis de nombreuses années. La lecture de l’Ecriture le nourrissait et l’inspirait dans toutes ses rencontres.

 

Merci à Robert pour sa présence et pour tous les moments partagés. Puisse-t-il vivre la pleine communion avec Celui qu’il a servi avec tant de simplicité.

 

Christian Berton