Rechercher le bien véritable (Lc 16, 10-13)

Homélie du dimanche 22 septembre 2019.

 

Être digne de confiance ! Voilà le maître mot de ce passage d’évangile (Lc 16, 10-13). Tous et toutes, nous savons sur qui nous pouvons compter pour qu’aboutisse une action décidée ensemble.

Nous devons mesurer l’enjeu de cette confiance : il s’agit du bien véritable. Jésus nous en parle sans vraiment le définir. Mais nous sommes suffisamment familiers de l’évangile pour comprendre qu’il nous parle du royaume de son Père. Dieu nous a confié le royaume inauguré par Jésus et il nous revient de rendre actuelles les invitations à la paix, à l’amour fraternel, à la justice. Sommes-nous dignes de confiance dans ces domaines ? Aujourd’hui résonne fortement l’appel à préserver « la maison commune » : que faisons-nous pour que notre planète soit habitable pour tous ? Qu’allons-nous faire ? Cette semaine j’écoutais un reportage : un homme du Bengladesh, vivant sur une île, voit la mer la grignoter et la recouvrir peu à peu. Quel avenir pour lui et sa famille, sinon d’aller s’entasser dans une grande métropole et vivoter ? C’est loin de nous, c’est vrai, mais cela nous concerne. Quand Paul écrit à Timothée qu’il faut prier pour les chefs d’état et ceux qui exercent l’autorité (I Tim 2, 1-8), je crois que nous avons fort à faire, tant il est difficile de taire les intérêts individuels pour faire un pas ensemble pour garantir le bien véritable.

Le sens du bien commun n’est pas un thème nouveau. Il a traversé les siècles. La première lecture (Am 8, 4-7) nous plonge dans le drame de l’injustice. Il faut la relire, mais il faudrait lire tout le livre d’Amos. C’est le 1er prophète dont nous avons des oracles écrits : ça nous renvoie au VIIIème siècle avant Jésus. Le pays était prospère alors, mais cela ne profitait qu’à quelques-uns. Alors Amos n’y va pas par quatre chemins. Il dénonce sans ménagement les pratiques frauduleuses : « Nous allons diminuer les mesures, augmenter les prix et fausser les balances », disent les puissants. Les victimes sont les plus pauvres : « Nous pourrons acheter le faible pour un peu d’argent, le malheureux pour une paire de sandales ». Cela ne va pas. L’injustice a fait place à la précarité. Les plus forts, les plus riches ont détourné le bien commun. Ils ont oublié que Dieu veut que tous les hommes soient sauvés pour accéder au bien véritable (I Tim 2, 1-8) : tous, sans exception, sans distinction, sans discrimination.

Pour progresser ensemble vers ce bien véritable, il y a quelques pistes.

  • Refuser la malhonnêteté, dit l’évangile. En fait, mot-à-mot, il faut dire : refuser ‘l’injustice’. C’est difficile et, seuls, nous ne pouvons pas grand chose, mais il y a un défi évangélique à rechercher à tout prix le chemin de la justice.
  • Ne pas idolâtrer les biens matériels. Nous en avons besoin, mais nous risquons de nous laisser envahir par eux, si nous ne prenons pas garde : « Vous ne pouvez pas servir Dieu et l’argent », dit Jésus. Le verbe ‘servir’ a ici le sens de ‘rendre un culte’. Les biens deviennent une idole qui prend la première place.
  • Se donner les moyens de rechercher le bien véritable. J’invite ceux et celles qui ne sont pas confirmés à faire une démarche vers la confirmation. Vous aurez l’occasion d’approfondir l’évangile d’aller plus avant dans la foi. De leur côté les jeunes de 20 à 30 ans qui veulent aller plus loin peuvent faire le parcours exprime’. Il propose de vivre des expériences de solidarité et des rencontres à la carte, en parallèle de la vie étudiante ou professionnelle.
  • S’accueillir tous et toutes comme frères et sœurs rassemblés par le même Seigneur. Malades ou bien portants, chrétiens de souche ou venus d’ailleurs, Jésus est notre seul médiateur. Il nous conduit à réaliser une communauté où il sera possible de se faire confiance.

 

Père Christian Berton

 

Le prophète Amos (vitrail non identifié, peut-être ND de Chartres).