Tu es avec moi : prier le psaume 23

La prière, une aventure
La paroisse St Maurice des Champs a décidé de se donner comme thème de carême : la prière, une aventure. Le choix de ce thème répond à l’invitation de notre évêque à entreprendre une démarche de conversion missionnaire pendant trois ans. La prière est l’une des attitudes recommandées pendant cette deuxième année.
Pour nous accompagner cette démarche, même après le carême, le père Christian Berton met à notre disposition « l’éclairage » suivant.

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Le psaume 23 que la liturgie du 4ème dimanche de Pâques propose à la prière est sans doute l’un des plus connus. Les familles le choisissent volontiers aussi bien pour les baptêmes que pour les sépultures. Ce psaume, dit du bon berger, est construit, en fait, à partir de deux comparaisons, à l’origine de  deux parties distinctes. Avant de le commenter, j’en donne une traduction assez littérale.

 

  1. Le Seigneur est bon berger, je ne manque de rien.
  2. Sur des pâturages d’herbe, il me fait me coucher.
    Près des eaux, il me dirige.
  3. Mon âme, il la ranime
    Il me conduit dans des sentiers de justice, à cause de son nom.
  4. Même si je vais dans une vallée d’ombre mortelle, je ne crains pas de mal.
    Car tu es avec moi.
    Ton bâton et ta houlette, eux, me consolent.
  5. Tu dresses devant moi une table, devant mes adversaires.
    Tu oins, avec de l’huile, ma tête.
    Ma coupe est abondante.
  6. Car la bonté et la miséricorde me suivent, tous les jours de ma vie.
    Je reviendrai dans la maison du Seigneur pour la longueur de mes jours.

 

Les versets 1-5 développent l’image du berger. Le Seigneur, tel un berger, conduit son fidèle là où il trouvera ce qui convient en termes de nourriture ou de repos. Bien plus, il le ranime : mot à mot, ‘il fait revenir mon âme’ (v. 3). La certitude se fonde sur le fait que le Seigneur est ‘avec moi’ (v. 4). Curieusement certaines bibles omettent cette expression bien présente dans le texte hébreu (mot à mot : ‘toi tu es avec moi’).

 

L’autre image est celle de l’hôte (v. 5-6). Le Seigneur, maître de maison, accueille le fidèle. Il lui assure le bien-être, avec une table garnie et en faisant le rite de l’accueil avec de l’huile (cf. Ps 92, 11 ; Lc, 7, 46). Cette attitude fonde le désir du fidèle de ‘revenir’ dans la maison du Seigneur (v. 6). Il vaut mieux lire ‘revenir’ plutôt que ‘demeurer’, comme le proposent certaines bibles Les deux verbes, ayant en hébreu les mêmes consonnes, se confondent aisément.

 

Pour lire cette prière comme un tout, il convient de rapprocher les deux parties. Il s’agit bien entendu du même Seigneur qui est ‘berger’ puis ‘hôte’. Son titre ‘Seigneur’ au début (v. 1) et à la fin (v.  6) est relayé par l’expression centrale : ‘tu es avec moi’ (v. 4).

En focalisant le regard sur le fidèle, on voit qu’il ne manque de rien (v. 1), ce que confirme la mention de la coupe débordante (v. 5). Mais surtout il ne craint rien s’il va dans des ravins marqués par ‘l’ombre de la mort’ (v. 4). De ce fait Il souhaite ‘vivre’ pleinement (v. 5).

En fait c’est le Seigneur qui restaure (fait revenir) son âme (v. 3).  On retrouve ce verbe au v. 6 : ‘je reviendrai’. D’un côté le Seigneur garantie la réanimation (le retour) de son âme, de l’autre il veut lui-même revenir dans la maison du Seigneur.

 

Ce psaume peut se prier en pensant à l’expérience d’Israël. Souvent comparé au troupeau de Dieu, il a dû partir en exil ; il a traversé les ravins de la mort. Mais le peuple avait la certitude que le Seigneur ne l’abandonnait pas puisqu’il le conduisait. Il savait qu’il reviendrait (noter le changement de temps, avec le futur) dans la maison du Seigneur pour éprouver la bonté et la miséricorde du Seigneur (v. 6).

 

On peut aussi se référer à l’expérience de Jésus lui-même. N’a-t-il pas traversé les ravins de la mort lors de la passion ? Jésus est allé au bout de sa mission, conscient que, non seulement le Père était avec lui, mais qu’il vivait ‘dans’ le Père (Jn 10, 38 ; 14, 10-11 ; 17, 21). Une telle intimité révèle la confiance qu’il avait en lui. Il suffit donc de redire ce psaume en pensant que Jésus l’a prié lui aussi dans cette perspective.

 

Ce psaume était prié particulièrement lors des baptêmes des catéchumènes. Les étapes du baptême reprenaient les expressions de la prière. Après avoir passé dans les eaux du repos, ils recevaient l’huile du Saint-Chrême puis s’approchaient de la table eucharistique.

 

Aujourd’hui, comment exprimer la confiance en Dieu ? Les expériences diverses indiquent que nous cherchons bel et bien des lieux de repos et de bien-être. Mais nous savons que cela ne va pas sans mal. Nos contemporains, et peut-être nous-mêmes, devons traverser des chemins obscurs où nous ne savons pas où ils nous mènent. La confiance en Dieu suppose de trouver ‘bonté’ et miséricorde’ sur le chemin de vie qui est le nôtre. Il nous revient de les expérimenter ou de les manifester.

 

Seigneur, lors de notre baptême, tu nous as accueillis pour nous conduire sur notre chemin de vie. Donne-nous de de le parcourir avec toi, en toute confiance, alors que nous ne savons pas de quoi sera fait notre avenir. Donne-nous d’y trouver, à toutes les étapes, bonté et miséricorde et de les manifester au monde. Amen

 

 

Christian Berton