Adorer en esprit et vérité

La prière, une aventure
La paroisse St Maurice des Champs a décidé de se donner comme thème de carême : la prière, une aventure. Le choix de ce thème répond à l’invitation de notre évêque à entreprendre une démarche de conversion missionnaire pendant trois ans. La prière est l’une des attitudes recommandées pendant cette deuxième année.
Pour nous accompagner cette démarche, le père Christian Berton met à notre disposition “l’éclairage” suivant.


 

L’évangile du troisième dimanche de carême (Jn 4, 1-42) rapporte ce qu’on a coutume d’appeler l’entretien de Jésus avec la samaritaine. Ce titre, en fait, ne rend pas compte de tous les éléments du texte. En effet Jésus a un long dialogue avec les disciples (v. 27-32) où la femme n’intervient pas. Dans le dialogue qu’il a avec elle, Jésus l’invite à adorer ‘en esprit et vérité’ (v. 23-24). Ce faisant il propose une double démarche.

 

On note tout d’abord que la femme exprime une première prière : « Seigneur, donne-moi de cette eau pour que je n’aie plus soif et que je n’aie plus à venir puiser ici » (v. 16). Prière intéressée s’il en est. Elle dépend de la condition concrète que vit la femme : plus besoin de se déplacer pour venir puiser à la source. Quand on sait combien la fatigue de tant de femmes et d’enfants obligés de faire de longues marchez pour trouver de l’eau, cette prière résonne juste. Elle est légitime. Elle fait d’ailleurs écho à la requête de Jésus lui-même : « Donne-moi à boire » (v. 7).

 

La femme s’inquiète. Car elle sait en quel lieu il faut prier : « sur cette montagne » et non à Jérusalem (v. 20). Les Samaritains rendaient un culte à Dieu sur le mont Garizim. Mais Jésus l’invite à une première démarche : ne pas s’accrocher à la montagne. En fait ni sur la montagne, ni à Jérusalem, car le lieu importe peu. Difficile à admettre car on aime bien les repères, les lieux d’ancrage. Pourtant Jésus avait indiqué qu’il était le véritable temple (Jn 2, 21), rendant caduques les rites du temple de Jérusalem. D’une certaine manière, comme l’a écrit Dom Louf, le cœur de l’être humain devient un ‘sanctuaire’ car il est le lieu privilégié de la rencontre entre Dieu et nous. Cela la femme de Samarie ne l’a pas encore expérimenté.

 

Plus important sans doute est l’invitation à adorer ‘en esprit et en vérité’.

  • Adorer : il s’agit d’une posture qui consiste à ‘se prosterner’ devant le Seigneur. Physiquement cela signifie qu’on peut se mettre à genoux. Mais ‘adorer’ signifie surtout qu’on reconnaît le Seigneur comme celui qui est saint. Il s’impose à nous non par contrainte, mais en nous entraînant dans une spirale d’amour. Il convient d’aimer comme il a aimé.
  • En esprit et vérité : les deux mots se répondent et ne devraient pas être séparés. En Jn 14 17 et 15, 26, Jésus parle de l’esprit de vérité. En fait Jésus inverse l’attitude de la femme de Samarie qui exprimait une demande. ‘Adorer en esprit et vérité’ suppose une attitude d’accueil de ce que l’Esprit de Jésus enseigne. Il nous fait connaître l’amour de Dieu dans toute sa plénitude. Le mot ‘vérité’ a le sens de ‘non caché’. Dieu, par l’Esprit, veut livrer quelque chose de ce qu’il est pour nous. Il convient donc de contempler le Seigneur dans le silence. Ensuite, mais seulement ensuite, viendra la demande. Elle se mettra au diapason de ce que Dieu nous aura communiqué de son amour.

 

Proposition pratique : je prends 5 minutes – au moins – de silence et de recueillement (sans TV allumée, en mettant le téléphone sur veille). Je me mets en position d’accueil du Seigneur en m’efforçant de taire mes préoccupations immédiates. Pour m’aider je peux dire le psaume 42-43 en répétant plusieurs fois les versets 2 et 3 :

« Comme languit une biche après l’eau vive, ainsi languit mon âme vers toi, mon Dieu.

Mon âme a soif de Dieu, du Dieu vivant. Quand irai-je voir la face de Dieu ? »

 

Christian Berton

 

 

Jersey, Royaume-Uni, vitrail, Fenêtre de l’église, Femme samaritaine.