Avis à la population (Homélie du dimanche 24 Janv. 2021)

En lisant la première lecture tirée du livre de Jonas et l’évangile de Marc, j’ai été étonné par le parallèle étroit entre deux situations :

 

JONAS                                                                                     JESUS

 

Jonas partit pour Ninive selon la parole du Seigneur                       Jésus partit pour la Galilée

Jonas la parcourt en proclamant                                                       proclamer l’évangile de Dieu

Encore quarante jours                                                                       Les temps sont accomplis

Aussitôt les gens de Ninive crurent en Dieu                                     Convertissez-vous

Ils se détournaient de leur conduite mauvaise                                  et croyez à l’évangile

 

Les mêmes mots illustrent deux situations bien différentes. Mais chacune d’entre elles illustre la force et l’urgence de la parole.

Sans doute connaissons-nous l’histoire de Jonas. Plus qu’une histoire réelle, il s’agit d’un petit roman rempli d’humour où le lecteur se voit invité à vivre une véritable conversion. Jonas, malgré ses réticences, proclame la parole du Seigneur. S’ensuit un effet immédiat : les Ninivites, étrangers au peuple de Dieu, accueillent favorablement la parole et changent leurs comportements.

Jésus, quant à lui, est au tout début de son ministère. Marc résume en deux versets très denses le contenu de son ministère : il annonce l’Évangile de Dieu. Cela est lié à un événement : l’arrivée du règne de Dieu. Tout au long de son évangile, Marc montre comment les disciples ont adhéré par la foi au message de Jésus, malgré leurs doutes, et comment certains ont accepté de se convertir.

Les deux situations convergent vers l’urgence et la force de la parole. Cela me rappelle un souvenir de mon enfance. A un moment où il n’existait pas beaucoup de moyens. A la sortie de la messe du dimanche, un homme faisait les annonces publiques dehors, devant l’église, en commençant avec une voix forte : « Avis à la population ». Je pense que les proclamations de Jonas et de Jésus sont des avis à la population. Il y a quelque chose d’important qui va arriver et il y a urgence à en tenir compte pour le bien de tous.

 

De tout cela je voudrais tirer trois pistes de réflexion.

  • Vibrer à la joie d’entendre la parole de Dieu.

Je me souviens, à Libreville, au Gabon, une centaine de personnes passaient un dimanche par mois, de 9 h à 16 h, pour apprendre à mieux lire la parole de Dieu. J’étais chargé de leur présenter le Nouveau Testament. Mieux lire, mieux entendre et, surtout, mieux comprendre. Souvent nous avons le bon réflexe d’offrir une bible pour enfants lorsque ces derniers sont au cathé. Mais il convient de leur donner le moyen de progresser dans cette connaissance de la parole de Dieu.

Sur la paroisse, deux groupes réfléchissent à leur manière à la parole de Dieu : le cercle biblique qui se réunit le samedi et un groupe ‘envie de parole’, qui se réunit le soir. Les rencontres ont lieu une fois par mois. D’autres groupes commencent leur réunion par une lecture de la parole de Dieu : les focolari, le SEM, etc. Bien sûr la catéchèse est toute centrée sur la parole de Dieu.

Nous comprenons mieux pourquoi le Pape nous a demandé de célébrer chaque année, en janvier, le dimanche de la parole de Dieu. Elle est comme une source intarissable à laquelle nous pouvons puiser.

  • L’élan de l’engagement suite à l’écoute de la parole.

Ceux qui ont lu l’histoire de Jonas savent que ce dernier ne s’est pas précipité à Ninive lorsque le Seigneur le lui a demandé. Il a plutôt fait le contraire ! De plus, quand il arrive à Ninive, il bâcle son annonce en une seule journée alors qu’il en faut trois pour traverser la ville. Jonas n’a pas compris l’importance de sa mission. Les quatre premiers disciples, au contraire, s’élancent aussitôt, en laissant tout ce qui faisait leur quotidien. Oui, la parole de Dieu se fait ‘appel’ à travers Jésus. Il y a urgence à l’entendre et à y répondre. Alors je me pose la question : comment, aujourd’hui, j’accueille l’appel du Seigneur à le servir et à me mettre à sa suite ? Quelles sont les activités que je fais aussitôt et celles que j’accomplis en traînant les pieds ? Pourquoi ?

  • L’enthousiasme de la foi.

Comment ne pas s’étonner de l’attitude des gens de Ninive : “ils crurent en Jonas” et ils se sont détournés de leur conduite mauvaise. Quant aux auditeurs de Jésus, ils sont invités à se convertir et à croire. Ce sera un lent processus que l’évangéliste Marc va nous décrire tout au long des 16 chapitres.

La parole du Seigneur retentit dans les cœurs pour porter un fruit de conversion. Il revient à chacun et chacune de chercher les efforts à faire pour changer et se mettre au diapason de l’évangile. En nous disant que ‘les temps sont limités’, Saint Paul fait écho à Jésus pour qui ‘les temps sont accomplis’. Alors c’est le temps du discernement : discerner ce qui est essentiel pour devenir disciple du Seigneur en se mettant à sa suite.

 

Christian Berton

 

Le Sermon de la Montagne, par Carl Heinrich Bloch, 1890.

 

Textes du dimanche 24 janvier 2021 (AELF)