Des repères pour vivre (Homélie du dimanche 7 Mars 2021)

Nous avons besoin de repères dans la vie : pas seulement pour retrouver notre chemin si nous arrivions à le perdre. Pour cela nous avons des GPS. Mais pour vivre simplement et pour construire sa vie. Le drame que beaucoup de gens, c’est qu’avec la pandémie, ils ont perdu leurs repères habituels : les rencontres avec les amis, avec les potes, les virées ou les soirées qui balisent le temps, l’impossibilité pour certains de retrouver les collègues de travail à cause du télé-travail. Impression de ne pas faire surface, surtout quand la solitude s’en mêle.

Des repères, le peuple de Dieu en avait.

Il avait les dix commandements. Moïse les avait reçus sur le mont Sinaï. Autrefois on les apprenait par cœur dans une version courte. Ils ne se distinguaient pas fondamentalement des règles que d’autres nations avaient adoptées, notamment pour le respect des personnes. On en retient facilement le caractère négatif : ‘tu ne … pas…’ Mais l’essentiel est dans l’autre versant : il s’agissait de garantir le respect de la vie et de donner à Dieu toute sa place. Israël avait besoin de ces repères pour vivre comme peuple.

Il avait le Temple. Lui aussi faisait partie du paysage. On le voyait de loin quand on venait à Jérusalem. Mais surtout il faisait partie du paysage spirituel. Il symbolisait la présence de Dieu. On venait en famille au moment des grandes fêtes de pèlerinage. On pouvait lui offrir des sacrifices.

Alors que se passe-t-il quand Jésus annonce la destruction du temple ? Tout d’abord prenons conscience que, lorsque Jean écrit l’évangile, le temple est déjà détruit. Il n’est que ruine. Le temple de pierres n’a pas tenu. Si tu cherches un repère, dit Jésus, tu dois le chercher ailleurs.

  • Pour le Juif pieux, il ne s’agit pas seulement de respecter les commandements qui, d’ailleurs, valent encore pour nous. Mais il convient d’en trouver la motivation dans ce qui les précède : « Je suis le Seigneur ton Dieu qui t’ai fait sortir du pays d’Egypte. » La source est en Dieu qui sauve. Voilà le repère essentiel qu’Israël a tendance à oublier.
  • Quant au croyant chrétien, Jésus le renvoie à un autre événement porteur de salut, sa mort et sa résurrection : « Détruisez ce sanctuaire, et en trois jours je le relèverai. » Jésus est le nouveau sanctuaire, signe de la présence de Dieu. Nous allons le célébrer à Pâques. Sans ce repère essentiel, notre rassemblement aujourd’hui, n’a aucune valeur.

C’est une question que nous devons nous poser : est-ce que Jésus mort et ressuscité est le repère qui permet d’orienter ma vie, mes actes, mes choix ?

Je voudrais me tourner vers le Pape François. Il est en Irak. Voyage courageux, dans des conditions très difficiles. Aujourd’hui, à Mossoul. Hier à Ur. Cette étape ne peut pas passer inaperçue. La Bible nous apprend qu’Abraham est originaire de cette ville. Aller à Ur, c’est aller là où les trois religions, le Judaïsme, le Christianisme et l’Islam ont un repère commun. Plutôt que de se haïr, il convient de célébrer la fraternité qui relie les uns aux autres. Entrons dans la prière du Pape :

« Dieu tout puissant… nous, fils et filles d’Abraham, nous te remercions de nous avoir donné comme père commun dans la foi, Abraham, fils éminent de cette noble et bien-aimée terre… Nous te bénissons parce que, en bénissant notre père Abraham, tu as fait de lui une bénédicttion pour tous les peuples… Nous te demandons de nous accorder une foi forte, active à faire le bien, une foi forte, une foi qui ouvre nos cœurs ainsi qu’à tous nos frères et sœurs. »

La dernière encyclique du pape, Tous frères, nous renvoie à l’impératif de l’amour fraternel recommandé par Jésus. Dans cette lettre François insiste sur ‘la fraternité et l’amitié sociale’. Elles se déploient tant au plus près des personnes qui nous sont proches qu’à l’échelle mondiale, dans les choix économiques ou politiques, ou dans le respect des religions.

 

Christian Berton

 

Représentation du temple de Jérusalem

 

Textes du dimanche 7 mars 2021 (AELF)