Dix paroles pour vivre : le Décalogue (Ex 20, 2-17)
Autrefois le décalogue, appris par cœur, faisait partie du bagage catéchétique : dix paroles (c’est la traduction littérale du mot décalogue) qui résumaient toute les lois. Le premier testament le cite deux fois : en Ex 20, 2-17 et en Dt 20, 6-21. Les deux textes se ressemblent, sauf quelques différences, notamment au sujet du sabbat.
Généralement on en connaît les formules brèves alors que le texte biblique est beaucoup plus long ! Mais c’est sans doute sous la forme de formules brèves que le décalogue a été proposé au début. En cela il ressemblait à d’autres séries d’interdits, notamment en Mésopotamie et en Égypte. Il reflétait la sagesse ancienne des clans et tribus.
Globalement, les dix paroles concernent d’abord le rapport à Dieu (Ex 20, 3-11) puis le rapport aux humains (Ex 20, 12-17). On divise ainsi aisément la liste en deux parties. Dans la première, elles donnent les normes de la vie religieuse. Dans la deuxième, elles donnent les normes fondamentales qui définissent les rapports sociaux entre les personnes. Le peuple pouvait ainsi se référer aux dix paroles pour vivre en harmonie avec Dieu et avec les hommes.
Ces généralités n’empêchent pas plusieurs surprises.
Tout d’abord il est bien difficile de repérer dix paroles. Dans le détail, on arrive à onze sinon douze paroles ! Mais la tradition elle-même a retenu dix paroles (cf. Ex 34, 28 ; Dt 4, 13). Cette appellation s’est imposée au fil du temps.
Avant que viennent les paroles, Dieu s’auto-présente : « C’est moi le Seigneur ton Dieu qui t’ai fait sortir du pays d’Égypte, de la maison de servitude » (Ex 20, 2). Ainsi les dix paroles se greffent sur l’expérience fondatrice de la libération d’Égypte. Elles sont une réponse à l’action de Dieu en faveur du peuple.
Autre surprise : on ne trouve pas que des interdits dans les dix paroles, sous la forme : tu ne … pas … Deux paroles ont une tournure positive : celle qui concerne le respect du sabbat et celle qui concerne le rapport aux parents (Ex 20, 8-11.12). Ces injonctions se tiennent au cœur du décalogue, comme si elles faisaient la transition entre les deux parties.
Enfin certaines paroles ont un long développement introduit par « car », alors que les dernières n’en ont pas. Manifestement on a cherché à donner des explications à certaines paroles. La plus étonnante vient en Ex 20, 5 : « car c’est moi le Seigneur ton Dieu, un Dieu jaloux ». Ici la jalousie n’est pas une affaire de sentiment ! Elle explicite ce que disait la première parole : « Tu n’auras pas d’autres dieux face à moi » (v. 3). En insérant les dix paroles dans la grande scène de l’alliance sur le Sinaï, les auteurs bibliques ont pris les relations conjugales comme modèle de l’alliance avec Dieu. Elle ne peut reposer que sur la fidélité réciproque et sur le choix exclusif de ce Dieu d’amour.
Les dix paroles ont traversé les temps. Nous les recevons, non comme un témoin du passé, mais comme une proposition pour vivre l’alliance. Jésus les connaissait, mais il a résumé le tout dans une formule concise : « Tu aimeras ton Dieu et ton prochain comme toi-même » (Mc 12, 28-31). En quelques mots il respecte à la fois la structure fondamentale des dix paroles, mais surtout leur contenu.
Il convient encore d’ajuster les comportements à ce Dieu d’amour et aux autres. C’est le fondement du vivre ensemble aujourd’hui.
Père Christian