Du serpent de bronze au Fils de l’Homme (Jn 3, 14)

L’évangile de Jean fait allusion, en Jn 3, 14, au serpent de bronze élevé sur un étendard par Moïse dans le désert. L’épisode est raconté dans le livre des Nombres (Nb 21, 4-9). Pour punir les Hébreux de leur faute, Dieu leur a envoyé des serpents à la morsure brûlante ! Mais après la confession de leur faute et l’intercession de Moïse, ce dernier a façonné un serpent de bronze et l’a fixé sur un étendard. Ceux qui se tournaient vers lui étaient guéris. L’auteur de ce passage étonnant témoigne ainsi d’une vieille tradition concernant les dieux guérisseurs dont le culte a été longtemps préservé jusque dans le temple de Jérusalem (II R 18, 4).

L’évangile de Jean reprend ce texte. Sans doute connaît-il le commentaire qu’en fait le livre de la Sagesse : « Celui qui se tournait vers lui [le signe du salut] n’était pas sauvé par ce qu’il contemplait, mais par toi, universel Sauveur » (Sg 16, 7). Déjà l’auteur débarrasse de sa gangue superstitieuse l’histoire du serpent de bronze : le salut ne saurait être octroyé par un serpent, mais par Dieu. Ce salut a une valeur universelle.

Mais l’évangéliste transforme à nouveau la tradition parce que, désormais, Jésus, Fils de l’Homme, offre le salut.

  • Ce n’est pas un serpent qui est élevé sur un étendard, mais Jésus élevé sur la croix, prélude à son élévation auprès du Père dans la gloire.
  • Il ne s’agit plus de voir le serpent, mais de croire en Jésus, signe de l’amour du Père. Le 4èmeévangile associe volontiers le verbe voir et le verbe croire. Il affirme ainsi l’aboutissement de la démarche croyante telle que la révèle l’expérience de Thomas : croire sans voir (Jn 20, 29).
  • En Jésus, Dieu sauve le monde (Jn 3, 17). Il convient maintenant de se tourner vers la croix qui découpe l’horizon. Voilà le signe proposé aux croyants.
  • Les Hébreux qui regardaient le serpent ne mourraient pas mais vivaient. Il en va de même avec ceux qui regardent Jésus élevé de terre. Mais, maintenant, ils accueillent la vie éternelle. Cette expression concerne, moins la durée de la vie que sa qualité, car la vie du croyant se nourrit de la présence du Christ qui ne se dément pas.
  • Cela n’est possible que si le croyant passe des ténèbres à la lumière ( 3, 19-21). La foi débouche sur une démarche : celle de se laisser éclairer par le Christ, lumière du monde. Il s’agit en fait d’une décision à prendre, celle de vivre pleinement l’engagement baptismal.

 

Père Christian

 

Le serpent d’airain. Gustave Doré.