Entendre un message de joie (Homélie du dimanche 13 Déc. 2020)

Nous vivons un moment bien singulier où nous aimerions entendre de bonnes nouvelles pour notre avenir. Mais on se demande s’il y a des messagers crédibles tels que nous pourrions accueillir leur message sans sourciller ? Le système de fausses nouvelles (fake news) est tellement élaboré qu’on ne sait pas séparer le vrai du faux, ni ce qu’il faut croire. Et pourtant nous recherchons les bonnes nouvelles : attente d’un vaccin fiable, attente de pouvoir partir pour rejoindre nos proches, attente d’une reprise économique où tous et toutes trouveront de quoi vivre…

 

Une nouvelle fois, l’évangile propose de nous arrêter sur Jean-Baptiste. D’emblée il ne cherche pas à se mettre en avant. De lui-même il dit qu’il est “la voix qui crie dans le désert“. L’évangéliste dit de lui qu’il est “témoin de la lumière“. Celui que nous appelons le précurseur est porteur d’une nouvelle qui reprend les thèmes du passé, d’un chemin improbable où viendra le Seigneur.

Ce Jean-Baptiste n’a pas fini de nous étonner. L’évangéliste Jean, contrairement aux trois autres évangélistes, ne nous dit pas grand chose de son identité. Il veut seulement faire entendre sa parole, une parole qu’il prend d’ailleurs en public. On vient vers lui, car il dit des choses intéressantes. Alors immédiatement on cherche à le faire entrer dans une case. Mais il échappe à tout ce qu’on aimerait entendre : il n’est ni le Christ, ni Elie, ni le prophète annoncé par Dieu pour inaugurer la fin des temps.

De tout temps on a aimé les héros, ceux qui sortent de l’ordinaire, qui font la une des médias. A coup sûr, avec ses allures quelque peu étranges et son aura, Jean-Baptiste aurait été en photo en couverture de journal. Ce n’était vraiment pas ce qu’il cherchait. Au contraire il veut se faire tout petit. Il n’est  même pas digne de délier la courroire de la sandale de celui qui vient derrière lui. Il se définit essentiellement par rapport à un autre. Son message invite précisément à connaître cet autre. Il conviendra, le moment venu, de devenir son disciple.

 

La première lecture, tirée du livre d’Isaïe, renvoie au prophète porteur d’un message. C’est une bonne nouvelle adressée aux humbles.

  • Guérir les cœurs brisés : combien sont-ils aujourd’hui, ceux et celles qui, en raison de la situation dans laquelle nous sommes, ont le cœur brisé, parce qu’ils sont séparés de leurs proches, parce qu’ils vivent dans la précarité, parce que tout devient difficile ?

 

  • Proclamer aux captifs leur libération, aux prisonniers leur libération : le peuple de Dieu vivait en exil. Il avait besoin d’entendre que ce temps d’éloignement loin de sa terre d’origine était terminé, qu’il allait être possible de passer à autre chose.

 

  • Proclamer une année de bienfaits accordée par le Seigneur. Concrètement c’était pour le peuple célébrer une année jubilaire comme un redépart dans la vie. Ces années jubilaires, tous les 50 ans, disaient qu’une réconciliation était possible entre Dieu et le peuple d’abord, puis à l’intérieur du peuple lui-même. Il pouvait donc envisager l’avenir avec optimisme. Et je pense que nous attendons, nous aussi, de voir l’épreuve derrière nous et d’envisager l’avenir autrement.

 

Il convient donc de vivre dans la joie. De cette joie qui éclate lorsqu’on se sort d’un danger.

  • Le livre d’Isaïe compare la joie du peuple à celle de jeunes mariés parce que s’ouvre une nouvelle étape dans leur vie. Ou bien à la semence jetée en terre, parce qu’elle est la promesse d’une récolte. Le prophète invite à se réjouir parce que Dieu va manifester sa justice.

 

  • Le psaume fait écho à la joie de Marie dans son ‘Magnificat’, non seulement pour ce qui lui arrive, mais parce que, par elle, Dieu manifeste son amour et sa miséricorde à tous.

 

  • Saint Paul invite ses lecteurs de Thessalonique à la joie, celle d’une rencontre à vivre avec le Seigneur. Dans cette perspective, il convient de discerner ce qui convient, ce qui est bien, et de ne pas ‘éteindre l’Esprit’. Il y a là sans doute, pour nous, une tâche à vivre aujourd’hui : repérer dans tous les messages que nous recevons, celui qui nous oriente vers un avenir où Dieu manifestera son amour et sa justice. Pour cela, il a besoin de nous, pour que nous devenions ses messagers crédibles.

 

Christian Berton

 

 

Textes du dimanche 13 décembre 2020 (AELF)