Etre disciple (Sg 9, 13-18 ; Phil 9b-17 ; Lc 14, 25-33)

Homélie du 8 septembre 2019 (23ème dimanche ordinaire)

Dans mon ministère de prêtre, je vis des moments forts lorsque j’accueille des personnes qui viennent me dire : « je souhaite être baptisé, je souhaite faire une démarche vers la confirmation » ou bien lorsque des jeunes couples viennent pour parler de leur projet de mariage. Je les écoute attentivement, émerveillé. Pas plus tard qu’hier, j’ai accueilli deux enfants d’une même famille. Ils m’ont expliqué qu’ils souhaitaient être baptisés. C’est leur grand-mère, disaient-ils, qui leur a montré le chemin et leur a permis de forger leur demande. Chaque année notre Père évêque reçoit les lettres de ceux et celles qui demandent à être baptisés et confirmés. Il y a là, plus qu’une demande : il s’agit d’un partage de vie où les personnes disent ce qui les a amenés à faire un pas dans la foi.

Les lectures d’aujourd’hui nous disent à leur manière comment on franchit un pas pour devenir disciple du Christ. Je pense que c’est heureux de réfléchir sur ce point au moment où nous nous mettons en route pour une nouvelle année pastorale.

  • Tout d’abord, pour être disciple, il convient de laisser sa place à l’Esprit-Saint. La première lecture nous le dit : « Qui aurait connu ta volonté, si tu n’avais pas donné ta Sagesse et envoyé d’en haut ton Esprit-Saint ? » Je pense que toutes ces personnes qui font une démarche vers le baptême, la confirmation ou le mariage ont été travaillées par le Saint Esprit, à leur insu peut-être, mais réellement. Seule condition pour que cela soit possible : lui laisser un espace de silence, de prière, d’intériorité. Savons-nous ménager ces espaces dans notre vie trépidante ? Si la réponse est oui, alors l’Esprit-Saint fera le reste.
  • L’évangile, lui, rappelle l’exigence fondamentale du renoncement. Nous n’aimons pas entendre ce point de vue qui nous déroute. En fait il ne s’agit pas de renier ceux qui nous sont chers. Plutôt il convient de faire en sorte que nos relations légitimes, familiales, amicales, ne deviennent pas un obstacle à servir le Seigneur. Il faut même prendre sa croix ! Mais cette croix, souvent, fait partie de notre quotidien, qu’elle soit lourde ou pas. Qui d’entre nous peut dire qu’il n’y a pas de situations crucifiantes dans sa vie. Dans la deuxième lecture, Paul, qui écrit une lettre à son ami Philémon, dit qu’il est en prison « à cause du Christ Jésus », et un peu plus loin, « à cause de l’Evangile. » Nul besoin d’en rajouter, mais il lui fallait être disciple, y compris à ce moment-là.
    La démarche de disciple demande un discernement. Comme l’homme qui veut construire une tour ou celui qui veut partir en guerre, il convient de prendre les moyens pour aller jusqu’au bout de ce que j’entreprends. Quels moyens vais-je donc prendre cette année pour mieux suivre Jésus ?
  • Enfin être disciple transforme les relations. La lettre à Philémon résonne comme un complément à l’évangile. A Philémon qui avait un esclave en fuite, Paul demande de l’accueillir, « non plus comme un esclave, mais mieux qu’un esclave, comme un frère bien-aimé. » Nos renoncements de disciples ne sont pas une auto-flagellation ! Ils nous conduisent à vivre autrement nos relations légitimes, à commencer par nos relations familiales ou amicales . Nous comprendrons que nous sommes « en communion », comme l’écrit encore Paul. C’est à cette qualité de communion que nous serons capables de reconnaître, dans notre paroisse et dans l’Eglise, une communauté de disciples.

 

Père Christian Berton

 

 

Colombe Saint Esprit – Basilique Saint Pierre (Rome). Photo Jean-Pierre Dalbéra. Licence CC BY 2.0