Grandir en famille

Le dimanche de la Sainte Famille qui suit la fête de Noël est une façon de méditer la venue du Messie de Dieu parmi nous. La liturgie nous invite à contempler Jésus, Fils de Dieu, avec le regard de ses parents, mais aussi avec ceux de Syméon et d’Anne, deux personnes qui attendaient la venue du Seigneur dans son temple.

Nous ne manquons d’exemples de couples et de familles pour nous aider dans la réflexion. Bien entendu, la Sainte Famille, Joseph, Marie et Joseph. Ils viennent à Jérusalem pour accomplir, en fidèles juifs, les rites liés à la naissance du premier-né. Mais la première lecture, tirée du livre de la Genèse, évoque la souffrance du couple d’Abraham et de Sara qui n’ont pas d’enfant. Que vont-ils devenir, dans une culture où un couple sans enfant avait l’impression de porter une malédiction sur lui ? Et puis, plus près de nous, nous avons l’exemple de la famille Martin, dont les reliques font le tour du diocèse. Récemment elles étaient au Sacré-Cœur, puis à Mons. Louis et Zélie Martin n’ont pas eu une vie facile, mais ils ont appris à s’ouvrir à l’appel du Seigneur dans les circonstances qui ont marqué leur projet de couple et de famille. Enfin nous avons l’exemple de nos propres familles, avec les joies qu’elles procurent, mais aussi avec les questions que nous nous posons. Je pense, fondamentalement, qu’un même projet nous habite, même s’il est parfois contredit par les faits : permettre à chacun, dans la famille, de trouver la voie où il pourra s’épanouir et donner le meilleur de lui-même dans notre monde.

Le Pape François a publié, il y a plus d’un an, une exhortation sur la famille : La joie de l’amour. Il parle abondamment de la famille. Il nous dit que nous avons besoin de plonger dans le oui de Marie à l’annonce de l’ange, dans le oui de Joseph qui a donné son nom à Jésus et pris en charge son épouse, mais aussi dans la fête des bergers, puis dans la promesse accomplie pour Syméon et Anne au temple. La famille de Nazareth entre dans un mouvement où de nombreux témoins reconnaissent en Jésus la bienveillance de Dieu. Elle nous enseigne, écrit le Pape, « ce qu’est la famille, sa communauté d’amour, son austère et simple beauté, son caractère sacré et inviolable. »

Le Pape se fait largement l’écho de la réflexion des évêques qui s’étaient réunis pour réfléchir sur la famille humaine. Il sait la beauté de la vie de famille, mais il en connaît aussi les souffrances et les imperfections. Toute famille parcourt un chemin de sainteté. Il ne s’agit pas tant de montrer la famille idéale que de lui indiquer des moyens qui assurent à chacun de ses membre une croissance heureuse. Pour le Pape, « certaines illusions sur un amour idyllique et parfait, privé ainsi de toute stimulation pour grandir, ne font pas de bien » (n° 135). Comment trouver les moyens pour dépasser les égoïsmes ou les intolérances qui plombent parfois les relations familiales ? Comment faire pour qu’un projet de couple se renouvelle et grandisse à toutes les étapes de la vie ? Comment accueillir les souffrances, ces glaives de douleur, qui parfois ternissent une vie de famille ? Les questions ne manquent pas. Elles sont nôtres encore aujourd’hui, quand l’amour peine à se dire ou à se redire.

Je vous propose de méditer la prière qui termine l’exhortation du Pape François. Après l’introduction, il considère trois chemins pour vivre en famille.

  • Tout d’abord qu’elles soient un lieu de communion et de prière. Les fêtes de Noël et du Nouvel An font partie des moments forts qui permettent de réaliser et d’éprouver la communion. Et le fait de venir en famille célébrer Noël, comme cela a été le cas, est une manière de retourner à la source de la communion : le Christ qui se donne pour la vie du monde.
  • Le Pape est ensuite bien conscient des violences qui blessent les familles. Tous les jours, les journaux nous rapportent des scènes terribles où la dignité d’une personne est totalement bafouée. Nous devons travailler pour aider les gens à se réconcilier quand c’est possible.
  • Enfin le Pape évoque le projet de Dieu sur la famille en parlant de son caractère sacré et inviolable. Ce projet s’inscrit dans une confiance totale de Dieu en l’être humain. En couple ou en famille, on ne fait pas du sur-place, on se fige pas dans un amour sclérosé : ensemble « on accepte une maturation progressive de notre capacité d’aimer ». Que la famille de Nazareth nous montre ce chemin tout à la fois exigeant et exaltant.

 

Père Christian

La sainte famille – Gérard David – XVIème siècle