Il les envoya en avant de lui
Homélie du dimanche 7 juillet 2019
14ème dimanche du Temps Ordinaire – Année C
Hier soir j’étais dans une famille où l’un des jeunes, scout, venait d’arriver en Roumanie pour trois semaines, avec son équipe, avec la mission de participer à un chantier avec une association. Je me posais la question : ces jeunes, vont-ils vivre leur séjour comme une mission, comme un témoignage de ce qu’ils ont de plus beau dans le cœur, le partage, la générosité, le don de soi ? Se sentent-ils comme les 72 disciples envoyés par Jésus ?
Car Jésus ne cesse envoyer des disciples. Le récit de l’Evangile (Lc 10, 1-12.17-20) fait le récit de la toute première mission : l’envoi, les consignes et le retour. Ils sont des disciples missionnaires et nous le sommes, nous aussi, comme l’a rappelé le pape François.
Dans l’envoi, je retiens une idée : Jésus les envoie en avant de lui. Leur mission consiste à préparer le passage de Jésus lui-même. Un missionnaire ne réussit vraiment sa mission que s’il permet aux gens d’accueillir Jésus qui vient vers eux. Il ne s’agit pas de se mettre au centre mais de se faire oublier pour faciliter la rencontre avec Jésus. Le message ouvre cette perspective.
- Dans les maisons, dire « paix à cette maison ». Comment refuser ce message ? La paix reste toujours fragile, la paix entre les nations, bien sûr. Mais elle commence par la paix des cœurs. Nos familles doivent chercher l’équilibre pour que chacun trouve sa juste place. Les maisons peuvent être des espaces où la paix prospère, mais se transformer en lieux de dispute parce que certains pensent que tout l’espace leur est dû.
- Dans les villes, il s’agit de dire : « le royaume de Dieu s’est approché de vous. » Ce message annonce directement celui que Jésus manifestera lors de son passage : il proclamera ce message d’amour et de tolérance et le manifestera par son empathie naturelle qui le rendait proche des personnes.
Oui, si nous partons en avant de Jésus, nous aurons pour tâche de préparer les cœurs à accueillir ce message.
Les consignes de Jésus en déconcertent plus d’un. Il faut voyager léger, ne pas saluer les gens en chemin. Jésus a décrété l’urgence. La tâche confiée aux disciples missionnaires relève d’une priorité absolue. Le monde a trop attendu. Il est en peine. Nous connaissons les maux qui le rongent : négligence de l’environnement (c’est l’un des débats de société actuels), la corruption qui ronge des pays tout entiers, l’intolérance qui fait se recroqueviller les peuples sur eux-mêmes. Il y a 30 ans, nous avons salué la chute du mur de Berlin, éberlués que cela soit rendu possible. Aujourd’hui, il y a davantage de murs qui s’érigent çà et là. De quoi sont-ils signes ? De quoi, de qui avons-nous peur ? Oui, il y a urgence à préparer les cœurs à accueillir le message d’amour de Jésus.
Nous faisons souvent l’impasse sur le retour des disciples. Ils reviennent « tout joyeux » parce que « même les démons nous sont soumis en ton nom. » Mission accomplie donc puisqu’ils ont réussi à écarter le mal endémique, à faire tomber le Satan, l’obstacle qui empêche d’aller en paix sur son chemin de vie. La joie des disciples est réelle : ils ont réussi à donner au monde un peu de bonté et de tolérance. Ils ont fait tomber des murs de haine. C’est notre joie de disciples missionnaires quand nous établissons des ponts entre le gens ou que nous facilitons leur meilleure compréhension ou leur entente.
Le Pape François a écrit une lettre appostolique suite à la démarche synodale avec et pour les jeunes. Cette lettre s’intitule : « Il vit le Christ ». Il rappelle que les jeunes doivent être des missionnaires courageux. Il leur écrit : « Jeunes, ne permettez pas que le monde vous entraîne à partager seulement des choses mauvaises ou superficielles. Soyez capables d’aller à contre-courant et sachez partager Jésus. » Il leur rappelle que là où Jésus envoie, il n’y a pas de frontières, pas de limites parce que l’Evangile est pour tous. C’est bien dans ce monde que Jésus nous envoie, jeunes, mais aussi moins jeunes. Apprenons à le parcourir en témpoignant de la beauté de l’Evangile.
Père Christian Berton