Ils sont venus d’Orient
Aujourd’hui on regarde volontiers les stars, du moins on en entend parler : dans le monde du sport, de la chanson par exemple. Il existe toute une presse people qui alimente la curiosité ou l’envie. Ces stars influent, parfois à notre insu, des comportements ou des modes. Les publicitaires ne s’y trompent pas. Pour vendre un produit, ils font appel à l’une ou l’autre de ces personnalités en vogue en espérant que les acheteurs suivront.
Eh bien, l’évangile nous parle précisément d’une star, d’une étoile (en bon français !) que nous sommes invités à suivre. Oh ! Ne la cherchons pas dans le ciel, même avec le télescope le plus performant. Nous ne la trouverons pas. Le texte nous dit de façon très sobre que des mages ont vu l’étoile du roi des Juifs en Orient. Cette fête m’inspire trois commentaires.
Avec l’arrivée des mages à Bethléem, nous découvrons une nouvelle perspective car ils ne sont pas d’ici ; ils viennent d’ailleurs. Depuis Noël, les textes nous parlent des voisins : les bergers de Bethléem, puis les gens de Bethléem eux-mêmes, Syméon et Anne à Jérusalem. Et voilà que, tout d’un coup, l’horizon s’élargit avec des personnes qui viennent d’Orient. L’information reste vague. Le pays n’est pas précisé. Mais cela nous réconforte, parce que nous, non plus, nous ne faisons pas partie des voisins les plus immédiats.
Alors nous, qui sommes ici, d’où venons-nous réellement ? Quel est notre Orient ?
Nous prenons le temps de nous saluer avant et après les messes, et je crois que c’est heureux de mieux nous connaître. Mais il faudrait pouvoir dire davantage, partager. N’éludons pas les questions qui se posent.
Mon Orient à moi est habité par quoi ? Comment suis-je parvenu à reconnaître Jésus ? Quels chemins m’ont guidé jusqu’à lui ? Quelle étoile a brillé à un moment de mon histoire ?
On dit que les mages étaient des astrologues, des sages. En fait on ne sait pas vraiment. Ce qui est sûr c’est que l’évangéliste Matthieu veut montrer des personnes étrangères prêtes à se laisser bousculer par l’éclat d’une étoile qui est déjà leur cœur. Sans doute allaient-elles enfin trouver une réponse à leur recherche et à leur questionnement.
Le deuxième commentaire concerne la démarche. La première lecture tirée du livre d’Isaïe parle des nations qui viennent vers la lumière, à Jérusalem. C’est dans ce texte qu’on nous parle de chameaux. L’évangile, lui, nous montre des gens qui viennent de l’extérieur vers le Messie, à Bethléem. Mais la fin de l’évangile de Matthieu inverse le sens des choses. Quand Jésus envoie les disciples, il leur demande d’aller vers toutes les nations porter la bonne nouvelle. Cette fois il s’agit de l’Eglise « en sortie » si chère à notre Pape François. La deuxième lecture nous prépare à un tel renversement. Les nations sont associées au même héritage, au même corps, la même promesse, dit la lettre aux Ephésiens. Ce n’est pas pour rien que le dimanche de l’Epiphanie a une connotation missionnaire forte. Si nous venons vers Jésus, alors nous devenons disciples-missionnaires.
Dernier commentaire. Il peut arriver qu’on perde l’étoile de vue. Les mages pensaient avoir terminé le chemin parce qu’ils ont atteint Jérusalem, là où c’est clinquant. Mais le roi Messie qu’ils recherchaient n’était pas là ! Il leur a fallu retrouver l’étoile qu’ils avaient perdue de vue pour arriver jusqu’au bout du voyage. Alors ils ont pu se prosterner devant lui, car le but de la démarche est la contemplation de Jésus. Oser prendre ces temps simples et gratuits avant de repartir sur le chemin de la mission. C’est bien pour cela que nous proposons des temps d’adoration une fois par mois dans notre paroisse. C’est bien pour cela aussi que nous sommes tous invités à ne pas nous arrêter trop rapidement dans notre recherche ou notre connaissance de Jésus. Contemplation et mission : les deux poumons de notre vie chrétienne. Nous n’aurons jamais fini de faire ce va et vient du disciple-missonnaire.
Père Christian Berton