Ils viennent de loin (Homélie du dimanche 3 Janv. 2021)

Il y a plusieurs manières d’aborder la fête de Noël. L’évangile de Luc nous a familiarisés avec le Noël des plus proches : les bergers, les gens de Bethléem qui viennent visiter Joseph et Marie. L’évangile de Matthieu ne dit rien de la naissance de Jésus. Il dit en passant : « Jésus était né à Bethléem en Judée, au temps du roi Hérode le Grand ». Et immédiatement il raconte la visite des mages, ce dont nous nous rappelons en cette fête de l’Epiphanie. Le mot signifie ‘manifestation’. Dieu se manifeste aux nations, aux non-Juifs, représentés par les Mages. La deuxième lecture nous fait entrer dans ce mystère : « toutes les nations sont associées au même héritage »

Je pense que cette fête nous concerne au premier plan. Car, si nous faisons attention, nous ressemblons aux mages. Nous venons de loin pour rencontrer Jésus.

Je voudrais vous résumer l’histoire de Mehdi. Musulman, mais pas très modèle. Il prend dans la caisse de la mosquée… Mais il est en quête d’absolu. Un jour, au hasard de rencontres, il se lie avec un pasteur évangélique qui le baptise. Mais il veut aller plus loin. Un ami l’invite à faire une retraite dans une abbaye et là, il reçoit une première gifle en entendant les moines chanter et prier. Il se sent « enveloppé de la présence du Christ ». Il tire la conclusion : il demande à devenir catholique. Il est confirmé et participe à l’eucharistie. Artiste de métier, il veut continuer à témoigner, faisant de son métier une opportunité pour rencontrer les gens.

Mehdi est un mage à sa manière. Lui aussi il vient de loin. Il a longtemps erré avant de découvrir là où le conduisait l’étoile du Messie. Il a éprouvé une joie intense lorsqu’il a découvert le Christ qu’il cherchait sans le savoir.

Cette histoire singulière est l’histoire de beaucoup de gens, peut-être de personnes parmi nous. Nous ne savons pas qui étaient les mages. Leur appellation ne renvoie pas à la pratique de la magie. Mais il semble bien que  Matthieu évoque des personnes qui, en leur temps, avaient de bonnes connaissances pour leur époque. Certains avancent qu’ils connaissaient l’astronomie, à la mesure de ce que leur époque pouvait leur offrir pour observer le mouvement des astres. Pour autant l’évangéliste indique que l’assurance de leur savoir ne suffisait pas à leur bonheur. Nous le savons bien, ce dernier ne se mesure pas à l’aune de l’érudition ou à la longueur des études. En fait les mages étaient prêts à se mettre en route pour trouver une réponse à leurs questions, sans connaître le chemin à parcourir.

Sans doute il n’y a pas d’itinéraire unique. Chacun va son chemin. Mais je voudrais souligner ici deux points.

  1. Tout d’abord, la foi est tâtonnante. Souvent elle cherche le Christ là où il n’est pas. Spontanément les mages s’arrêtent à Jérusalem. Mais Jésus ne se laisse pas trouver dans l’or des palais. Ils le découvriront dans un logement humble. C’est là qu’ils peuvent se prosterner devant lui. Cela me paraît bien symptomatique. Il se peut que nous ne cherchions pas là où il faut, que nous nous trompions d’adresse. Mais si nous sommes habités par cette volonté de chercher le Christ, alors il nous attirera vers lui. Mais ce sera à sa manière et non pas la nôtre. Et parfois il faut du temps ! Sommes-nous prêts à nous laisser surprendre par la beauté de la bonne nouvelle ?
  2. Deux éléments s’ajoutent à notre chemin. La première lecture met l’accent sur la lumière et l’évangile sur la joie. Découvrir la lumière de Noël, c’est accepter de sortir de ténèbres qui empêchent de savoir où on va. A Noël, tout n’est que passage à cette lumière où Dieu se fait connaître en Jésus. Et puis, la joie : la joie toute simple de participer à un événement qui nous dépasse, parce que tous les peuples peuvent venir porter ce qu’ils ont de meilleur à partager.

Alors cette année, laissons poindre la lumière peut-être timide de cette étoile. Elle s’appelle ‘espérance’, ‘amour fraternel’, ‘joie de se retrouver’, ‘respect mutuel’. Elle nous montrera le chemin à parcourir et nous conduira au Christ qui nous fait signe.

Christian Berton

 

Textes du dimanche 3 janvier 2021 (AELF)