Iras-tu travailler à la Vigne ? (26ème dimanche A : Mt 21, 28-32 ; Ph 2, 1-11)

Encore une fois nous accueillons une parole qui dérange. Elle prend à contre-pied ses interlocuteurs qui ne sont pas les derniers venus : il s’agit des grands prêtres et des anciens. Jésus leur demande leur avis et induit une réponse évidente. En effet la petite parabole met en scène deux fils. Elle dit clairement l’attitude qui convient : il ne s’agit pas de dire, mais de faire. La conclusion tombe : « les publicains et les prostituées vous précèdent dans le royaume de Dieu. » On a envie de dire : Jésus, tu exagères, tu y vas fort ! Mais il persiste et signe. Vous n’avez pas cru à la parole de Jean le Baptiste tandis qu’eux y ont cru. Je propose ici trois pistes de réflexion.

1) La foi n’est pas une belle construction intellectuelle. Elle se traduit par des actes concrets et passe le repentir si cela est nécessaire. C’est pour cela que Jésus donne l’exemple des publicains et des prostituées. Il y a un ton de provocation, sans doute, mais certains se sont effectivement repentis et ont changé de vie. Ils savaient que leur conduite n’était pas des plus brillantes, mais ils ont accepté le revirement proposé. Suis-je prêt à relever le défi du repentir ? Comment je traduis ma foi dans les faits ?

2) Marcher dans un chemin de justice. L’expression caractérise le ministère de Jean le Baptiste. Lui non plus n’a pas mâché ses mots pour faire prendre conscience du relâchement des mœurs et du développement de l’injustice. Il fallait prendre au sérieux son appel à vivre dans la droiture. L’enjeu est la vie ensemble. Nos sociétés actuelles créent ce qu’on appelle de ‘l’entre-soi’. C’est un peu de l’ordre du ‘qui se ressemble s’assemble’. Le danger est d’ignorer ceux qui ne nous ressemblent pas.  Nous pouvons vérifier que cela existait depuis bien longtemps. Les grands prêtres et les anciens pratiquaient volontiers ‘l’entre-soi’, ignorant et méprisant ceux qui restaient à l’écart. Jésus est venu briser cette vision erronée de la vie en société. Il n’y a pas les bons et les mauvais, mais des gens appelés à changer. Qu’est-ce que je suis prêt à changer pour marcher dans un chemin de justice ?

3) Faire la volonté du Père. Le premier fils avait d’abord déclaré ne pas vouloir aller travailler, mais c’est bien lui qui a obéi au père, car il y est allé. Il illustre la recommandation de saint Paul (cf. 2ème lecture) : « que chacun de vous ne soit pas préoccupé de ses propres intérêts », et il ajoute : « pensez aussi à ceux des autres. » C’est ainsi que vous estimerez les autres comme supérieurs à vous-mêmes. Je voudrais que nous regardions l’attitude de Jésus.  Jésus, précisément, n’a pas cherché son propre intérêt. Il n’a pas retenu le rang qui l’égalait à Dieu…. Il s’est abaissé, devenant obéissant jusqu’à la mort. Jésus n’a pas accepté ‘l’entre-soi’ avec le Père, mais il a partagé tout de notre condition humaine, sans rien laisser. A côté de ceux qui disent ‘oui’ en apparence, il a prêté une oreille attentive à son Père et est allé jusqu’au bout de sa mission, faisant la volonté du Père. Il a accordé les actes à la parole. D’ailleurs Jésus avait averti : « Ce n’est pas en me disant ‘Seigneur, Seigneur’ qu’on entrera dans le Royaume des Cieux, mais c’est en faisant la volonté de mon Père. » Que veut dire pour moi, aujourd’hui, faire la volonté de Dieu ?

Seigneur, apprends-nous à la discerner pour que je réponde à ton appel.

Père Christian

Photographie de Yair Aronshtam (licence Creative commons).