Jésus le thérapeute (Homélie du dimanche 7 Fév. 2021)

En ce dimanche de la santé, nous prions de façon plus particulière pour les soignants. Nous en connaissons plusieurs dans notre communauté paroissiale. Nous ne pouvons pas oublier ceux et celles qui, notamment en ce temps d’épidémie, soignent les patients dans les hôpitaux. Ils les accueillent, les orientent et les soignent dans des conditions difficiles. Nous leur devons notre reconnaissance. Je vous suggère de prendre quelques instants pour penser à ces médecins qui nous soignent. En silence, nous prions pour eux, pour elles.

Curieusement l’évangile nous parle précisément de Jésus thérapeute : il guérit. Le verbe ‘guérir’  traduit un verbe grec (thérapeuein) d’où vient le mot ‘thérapeute’. Et si les gens cherchent Jésus, c’est bien parce qu’ils ont entendu parler de son aptitude à guérir. Regardons simplement ce qui se passe.

Tout commence par une prière. Il faut entendre celle qui s’exprime à la fin de la première lecture : « Souviens-toi, Seigneur, ma vie n’est qu’un souffle, mes yeux ne verront plus le bonheur ». C’est la prière de Job. La Bible nous le présente comme un homme brisé socialement, rongé par une maladie de peau. Il se plaint de ce qui lui arrive et il prie. Je pense qu’il s’agit effectivement de bien entendre la prière discrète des gens. Ils s’expriment, souvent à mi-mots, comme pour ne pas déranger. Parfois d’autres la disent à la place du malade : « On parla à Jésus de la malade ». Le simple fait de porter des gens en souffrance vers Jésus est une prière : « On lui amenait tous ceux qui étaient atteints d’un mal ou possédés par les démons ».

La méthode de Jésus a de quoi surprendre, et même inquiéter, en ce temps de pandémie. Il s’approche, il prend par la main… On est loin des gestes barrières qu’on nous recommande aujourd’hui. Le contexte est différent. La belle-mère de Simon n’avait qu’une simple fièvre. Plus loin, Jésus expulse les démons. Il s’attaque au mal, à toute espèce de mal : le mal sournois qui nous malmène les corps, mais aussi à celui qui tourmente les cœurs. Mais surtout il s’attaque à la source du mal qui empêche d’être en paix.

J’observe que Jésus fait se lever la belle-mère de Simon. Geste banal ! Pourtant c’est le même verbe utilisé pour parler de la résurrection. Oui, Jésus s’est levé du tombeau. Marc, en écrivant son évangile, pense à la résurrection de Jésus. Il sait que ce qui fait la dignité de l’être humain, c’est non pas d’être humilié ou écrasé, mais d’être debout, avec toutes ses capacités. Je me souviens de ces reportages, lorsque les premiers malades guéris de la COVID ont quitté l’hôpital. Les soignants leur ont fait une haie d’honneur. Ils les avaient remis debout. Quelle fierté légitime ! Quel défi dans l’ambiance mortifère de la pandémie !

Pour l’heure la dignité de la belle-mère de Simon, c’est de servir. Encore un mot fort du Nouveau Testament. Se mettre en position de service, c’est considérer que les besoins des personnes qui m’entourent priment sur mes propres attentes. En Eglise, servir, c’est se dire que la communauté humaine qui nous entoure prime sur nos priorités, que notre communauté paroissiale ne peut répondre à sa mission qu’avec les compétences et la disponibilité de tous ses membres. Les soignés deviennent des soignants, à leur manière. Nous avons pris l’habitude de dire : « prenez soin de vous ». Et si nous disions : « prenons soin les uns des autres. »

S’approcher, faire se lever. Jésus répond à la prière des personnes pour leur permettre de se mettre au service de leurs frères et sœurs en humanité. Le souci des autres qui cherchent Jésus, parfois sans le savoir, devient la méthode pour annoncer l’évangile. Nous comprenons qu’il y a là un impératif : « Allons dans les bourgs voisins… c’est pour cela que je suis sorti », dit Jésus. « Malheur à moi si je n’annonçais pas l’évangile », écrit Saint Paul. C’est une bonne nouvelle en paroles et en actes que nous avons accueillie. Elle nous invite à nous approcher de ceux et celles qui attendent qu’on prenne soin d’eux.

 

Christian Berton

 

 

Textes du dimanche 7 février 2021 (AELF)