Joie et bonheur de rencontrer le ressuscité (Jn 20, 19-31)

La joie des disciples est à la mesure de la surprise que leur réserve Jésus ressuscité, lorsqu’il vient à leur rencontre. Ils avaient peur et rien ne semblait pouvoir les libérer. Ils se sont réunis le huitième jour, qui est devenu le dimanche, le jour du Seigneur. Très vite on s’est réuni ce jour-là, pour célébrer la résurrection, la rencontre avec le ressuscité. Je voudrais simplement souligner le bonheur que nous avons, en ce jour-là, de nous retrouver.

  • Tout d’abord le bonheur d’accueillir la paix. Trois fois retentit le souhait de Jésus : « la paix soit avec vous ! » Ce n’est pas pour rien que le prêtre ou le diacre adresse ce même souhait avant la communion pendant la messe. Nous avons tellement besoin de paix. Elle concerne bien évidemment la paix des armes, entre les nations ou les peuples, mais aussi entre les personnes. Les mots disent parfois la violence et sèment la discorde. Il y a tellement de gens qui cherchent la guerre, au mépris des populations souvent prises en otages. Ils déclenchent des rivalités ou des conflits qui durent. Mais en fait la paix offerte par Jésus nous atteint tous personnellement. Nos cœurs souffrent de contradictions. Le stress et les tensions ne laissent pas de repos. Les incertitudes devant l’avenir ôtent la sérénité. Jésus avait compris que les disciples vivraient mal son absence. Il les rejoint dans leur attente et les rassure.
  • Le bonheur d’accueillir le pardon : « les péchés seront remis à ceux à qui vous les remettrez », dit Jésus. Nous célébrons le dimanche de la miséricorde pour nous souvenir que l’humanité est appelée à entrer dans une démarche de réconciliation. S’entendre dire que je suis pardonné n’est pas rien. Nous avons quelque peu négligé la force de la parole qui réhabilite et remet en marche. Récemment nous nous sommes souvenus du génocide rwandais. Au-delà des problèmes non résolus, on peut saluer les efforts qui ont été entrepris pour permettre à des gens qui se sont fait du mal de se rencontrer et de parler grâce à des groupes de paroles. Une sorte de thérapie nationale nécessaire pour sortir du cauchemar. Oui le pardon demandé et accordé permet à un couple de se ressaisir, à une famille de grandir, à une communauté, à une nation de mûrir. La miséricorde vécue ainsi devient précisément un chemin vers la paix entre les personnes.
  • Le bonheur de croire enfin, et bien plus, de croire sur parole. Thomas n’a pas vu le ressuscité parce qu’il était absent une semaine auparavant. Lorsque les autres disciples lui disent : « Nous avons vu le Seigneur », il n’accueille pas leur témoignage. Il veut voir, vérifier pour croire. Chacun des deux premiers textes nous aident à approcher cela.

Dans le texte des Actes des apôtres, de plus en plus de croyants s’agrègent à la communauté, comme une contagion bienfaisante !

Dans le livre de l’Apocalypse, Jean bénéficie d’une vison. Une voix lui parle et voilà qu’il se retourne « pour regarder quelle était cette voix. » Il doit mettre par écrit ce qu’il voit pour que son témoignage donne courage à ceux qui n’auraient pas compris la rudesse des temps.

Voir/croire. Les deux verbes se complètent tout au long de l’évangile de Jean. Pour nous, aujourd’hui, il convient de nous demander si notre parole permet à d’autres d’accueillir la bonne nouvelle de l’évangile. Quand un enfant entend ses parents lui parler de personnes décédées, il les croit sur parole, parce qu’il ne met pas en doute la parole de ses parents. Pour le dire autrement : qu’est-ce qui rend notre parole crédible ? Voilà un défi permanent que nous devons relever ensemble. Ce n’est pas la seule affaire du prêtre, ni de l’EAP, ni des catéchistes, mais de tous. Ce n’est pas non plus une seule affaire de parole. Elle s’accompagne de gestes d’amour et de bienfaisance à l’égard de ceux que la vie n’a pas épargnés, comme le dit la première lecture. Le repas solidaire, servi en ce moment même, témoigne, à sa manière, de la vérité de cette parole. Notre foi ne peut être qu’une foi agissante et cela nous met en joie.

Père Christian Berton

Le Caravage, l’incrédulité de St Thomas (1602, Musée de Sanssouci, Allemagne)