La symphonie de l’Amour et du Pardon (23ème dimanche ordinaire A)

(Homélie du père Christian Berton, 10 septembre 2017)

Nous sommes invités aujourd’hui à créer une symphonie. Nous savons à peu près ce qu’est une symphonie. Des instruments très différents se rejoignent autour d’un ou plusieurs thèmes pour donner quelque chose d’harmonieux. Pour cela permettez-moi de donner des étapes.

 

Tout d’abord, nous avons besoin de lanceurs d’alerte. Voilà une expression qui fait florès depuis plus de quinze ans. Un lanceur d’alerte est une personne, ou un groupe, ou encore une institution qui a connaissance d’un danger. Les personnes lancent alors un signal d’alarme afin d’enclencher un processus de régulation, de controverse ou de mobilisation collective (cf. Wikipedia). Même si notre époque donne leur place aux lanceurs d’alerte, le concept a déjà traversé les siècles. Le prophète Ezéchiel était en son temps un lanceur d’alerte : « Je fais de toi un guetteur pour la maison d’Israël… tu les avertiras. » C’est une question de vie ou de mort. Et si le prophète ne fait pas son travail, il en sera directement responsable.

Nous avons sans doute beaucoup à apprendre. Comment pourrions-nous nous désintéresser de l’avenir, de nos amis, de nos proches, si nous voyons un risque pour eux ? Allons-nous nous désintéresser de l’avenir de l’humanité si fragile ? Nous pouvons penser aux questions écologiques, mais elles n’épuisent pas les dangers ou les risques.

 

Si nous lisons l’évangile, Jésus nous apprend que nous sommes responsables de nos frères et sœurs qui se sont fourvoyés. Il s’agit de les “gagner” en leur parlant. N’est-ce pas ce qu’il a fait en s’invitant chez les pécheurs ! On appelle cela la correction fraternelle, une pratique qui paraît désuète. Au nom de quoi irais-je dire à quelqu’un : “tu es en danger“, ou “tu mets les autres en danger” ? La démarche est délicate car nous avons bien conscience que nous ne valons pas mieux que les autres ! Et pourtant c’est une démarche bien nécessaire et possible si elle se fait dans le respect. Celui ou celle qui s’est fourvoyé, qui a péché donc, reste un frère, une sœur. Il fait partie de la famille.

Jésus propose une voie : celle de la prière. « Si deux ou trois se mettent d’accord pour demander quoi que ce soit, ils l’obtiendront de mon Père. » La voilà la symphonie à créer ou à composer ! Se mettre d’accord, c’est, mot à mot, parler d’une seule voix. Le verbe grec reprend exactement le mot symphonie.

 

C’est le défi constant de toute communauté, quelle qu’elle soit. Comment se mettre d’accord en couple, en famille, au travail, en communauté paroissiale, en Eglise ? Quelle symphonie allons-nous créer tout au long de cette année 2017-2018 ? A ces questions, Saint Paul donne une réponse étonnante : il faut se mettre en dette ! Au point de vue économique, ce n’est pas très sain. Mais Paul se place sur un autre plan : « N’ayez de dette envers personne sauf celle de l’amour mutuel. » Et il énumère les commandements du décalogue qui assurent la base de la vie sociale : pas d’adultère, pas de meurtre, pas de vol, pas de convoitise. Ils se concentrent dans cet autre, tourné au positif : « Tu aimeras ton prochain comme toi-même. » La norme est donnée : comme toi-même. Ton prochain, celui dont tu t’approches, considère-le comme toi.

 

Alors tout au long de l’année, mettons-nous en dette d’amour. Si elle est faite de don et de pardon, elle nous permettra de nous accueillir avec nos faiblesses, mais aussi avec nos qualités. Nous grandirons ensemble. Dans les mois à venir, essayons de composer une symphonie de l’amour.