Le Seigneur est cool avec nous ; la joie du pardon

(Homélie du 11/09/16)

Il y a 15 ans, deux avions ont été lancés contre deux tours à New York. Depuis, de nombreux attentats ont assombri l’horizon, en France mais aussi dans de nombreux pays. Il suffit de suivre l’actualité. La violence semble s’installer partout. Et nous nous demandons : quand cela finira-t-il ? Y a-t-il un antidote à la violence ? Nous sommes désarmés, partagés entre des sentiments contradictoires de revanche, de résignation ou de dialogue.

La parole tirée de la Bible aujourd’hui propose un chemin possible. Si vous avez remarqué, les deux premières lectures nous mènent au bord de la violence.

  • Dans le livre de l’Exode, c’est Dieu qui s’enflamme contre son peuple idolâtre. Il a trahi en s’écartant du chemin de l’Alliance. Dieu veut en découdre : « ma colère va s’enflammer contre moi et je vais les exterminer ». Dieu ferait-il une crise d’hypertension ? Alors Moïse joue le rôle de l’intercesseur : il « apaise » le visage du Seigneur : « Cool, Seigneur, cool ! » Le Seigneur se laisse toucher par la prière de Moïse et renonce au mal et à la colère.
  • Dans la deuxième lecture, l’auteur rappelle le passé : il était blasphémateur, persécuteur, en un mot « violent ». Nous savons que saint Paul était enflammé par une volonté de détruire la communauté chrétienne naissante, parce que, pour lui, elle avait dévié du culte du Dieu des Pères. Mais il a vécu une expérience forte lorsque le Seigneur l’a appelé à le servir autrement. « Il m’a été fait miséricorde ». Il reconnaît son erreur et son péché. Il se sait pardonné et réhabilité dans un océan d’amour qui surpasse toute la violence qu’il a pu manifester.

 

Nous retrouvons aujourd’hui ce mot « miséricorde » qui a été depuis décembre 2015 le dénominateur commun de notre démarche paroissiale. Notre Pape François nous propose de vivre cette démarche jusqu’en fin novembre prochain. Avons-nous découvert toute la richesse de ce mot. Nous l’avons chanté au début de notre célébration : « miséricordieux comme le Père ». Ce refrain reprend l’invitation de Jésus dans le premier évangile : « Soyez miséricordieux comme votre Père céleste est miséricordieux ». L’évangile de ce jour nous invite à réfléchir sur ce point précis.

  • C’est un point bien assuré du ministère de Jésus : il faisait bon accueil aux pécheurs, du moins ceux et celles que l’on cataloguait comme tels : il mangeait avec eux, ne les évitait pas, leur pardonnait au nom de Dieu (suprême scandale).
  • Alors Jésus prononce trois paraboles pour répondre sur ces points. Nous connaissons bien la troisième, celle du père et des deux fils que nous avons déjà lue pendant le carême. Dieu pardonne au fils cadet et invite le frère aîné à entrer dans la maison pour se réjouir. Le fils aîné avait des raisons de se fâcher : il y a de la violence dans son propos. Saura-t-il pardonner à son tour ? L’antidote que propose Jésus pour juguler la violence est le pardon.
  • Les deux premières paraboles reflètent la vie quotidienne. Un berger va à la recherche d’une brebis perdue. Sa joie est immense quand il la retrouve et il la partage. Une femme cherche une pièce d’argent dans sa maison : elle partage sa joie lorsqu’elle la retrouve. Il y avait de quoi : la valeur de cette pièce était de l’ordre du salaire d’une semaine de travail !

 

Ainsi Jésus nous conduit à contempler la joie de Dieu lorsqu’il fait bon accueil aux pécheurs. Quelqu’un m’a demandé : “qu’est-ce que ça produit le fait de se confesser ?” Je pense que c’est précisément cela : entrer dans la joie de Dieu qui pardonne. Finalement c’est Dieu qui est cool avec nous. Quand le Pape François a lancé cette année de la miséricorde, c’était pour nous inciter à retrouver la beauté de la miséricorde manifestée dans le pardon, à travers le sacrement de la réconciliation, d’abord. Nous avons besoin d’en redécouvrir la pertinence et la beauté. Mais nous avons aussi besoin du pardon mutuel que nous nous accordons les uns aux autres. Nous avons besoin de dire ou d’entendre ces paroles à l’intérieur des couples, dans les familles, au travail. Elles permettent d’écarter la violence et d’installer la paix intérieure dans les cœurs.

Christian Berton