Lève-toi, il t’appelle
J’aime bien Bartimée. Il est l’exemple type de ce que nous pouvons vivre comme disciple de Jésus. Dans le texte de l’évangile, plusieurs verbes résument son itinéraire :
- Il est assis, dans la position du mendiant. Aveugle, que peut-il espérer de plus sinon recevoir ce qu’on voudra bien lui donner. Il est au bord du chemin. C’est sa place. Il est incapable de se joindre à ceux qui entourent Jésus.
- Mais à force de cris, sa requête est acceptée. On lui dit de se lever pour venir vers Jésus. Non seulement il se lève, mais il court et bondit. Il suffisait du déclic pour enfin rencontrer celui qui peut tout changer.
- A la fin il suit Jésus : il est pleinement disciple, accompagnant le maître et s’associant au groupe déjà formé.
Cet itinéraire me paraît remarquable. Il y a dans ce récit tout simple un mot que je vous invite à prendre en considération : « il t’appelle », disent les gens à Bartimée. Jésus t’appelle, ce qui fait suite à ce qu’il avait dit : « Appelez-le », ou encore « faites-le venir. » J’en suis convaincu : Jésus appelle encore aujourd’hui.
- Il m’appelle, moi qui suis peut-être encore au bord du chemin. Suis-je résigné, incapable de réagir ? Mais Jésus ne cesse d’appeler et ne s’arrête pas à la première impression.
- Il m’appelle et pour cela il faut me lever, bondir et courir vers Jésus. C’est déjà une victoire sur soi que de ne pas consentir à faire du surplace spirituel. Ma vie de baptisé ne saurait se résumer à rester dans la routine. Quatre personnes de notre paroisse se sont mises en route vers la confirmation. Peut-être y en a-t-il d’autres parmi les jeunes. D’autres se mettent en route vers le baptême. Il n’est jamais trop tard. Il suffit de s’élancer vers le Christ.
- Il m’appelle car il a entendu mon cri. « Jésus, Fils de David, prends pitié de moi. » C’est la prière de Bartimée. Cela peut devenir ma prière. Oser reconnaître et dire sa faiblesse au Christ peut apparaître puéril, mais c’est bien le premier pas pour trouver la guérison.
- Il m’appelle, malgré mes aveuglements. L’aveuglement physique devient le symbole de l’aveuglement spirituel. Les disciples ont essuyé des reproches de la part de Jésus. Ils devraient voir et comprendre ce que Jésus fait. Mais manifestement, ils n’ont rien compris. Mais Jésus persiste. Il guérit cet aveuglement spirituel qui empêche de voir ce qu’il réalise au cœur de l’humanité : une œuvre d’amour et de tendresse dans un monde de brutes.
- Il m’appelle malgré ceux qui me déconseillent de me tourner vers lui. Ils n’ont pas encore perçu que Jésus vient précisément pour rencontrer ceux qui crient vers lui.
- Il m’appelle et pourtant il me demande ce que je veux qu’il fasse pour moi. Oui, il s’agit de dire et reconnaître ce qui a besoin d’être guéri en moi. Reconnaître et dire ce qui va mal n’est pas un aveu de faiblesse. C’est déjà une démarche de guérison.
- Il m’appelle et me révèle le sens de ma démarche : « ta foi t’a sauvée. » La rencontre avec Jésus sur mon chemin de vie conduit à la foi et au salut. Inutile de chercher à séparer les deux.
- Il m’appelle et je peux suivre Jésus. Je peux devenir son disciple sur son chemin qui, certes, n’est pas des plus faciles. Mais l’expérience montrera que l’amour du service fait partie de son ADN et de notre ADN.
A Rome se termine le synode des jeunes. Jeudi matin 500 jeunes de notre diocèse sont partis à Taizé pour y faire une expérience avec le Seigneur. Des servants de notre diocèse, et certains de notre paroisse, sont allés à Rome. Il s’agit de découvrir pour les uns et les autres comment le Seigneur les appelle effectivement à redécouvrir leur baptême. Il y a tellement de manières de servir et de devenir disciples. A la Pentecôte notre évêque nous a demandé de faire Eglise pour expérimenter, écrit-il, « la beauté de faire entendre l’appel du Seigneur. » Faisons nôtre cette recommandation. L’appel s’adresse à tous pour que tous deviennent davantage disciples-missionnaires, comme Bartimée. Peut-être certains reconnaîtront l’appel à devenir prêtres au service de l’Eglise. Notre prière accompagne les uns et les autres pour que chacun donne sa propre réponse.
Père Christian Berton