Marcher sous la conduite de l’Esprit

La deuxième lecture du dimanche de Pentecôte (année B) est tirée de la lettre aux Galates (Ga 5, 16-25). Saint Paul demande aux chrétiens « de marcher sous la conduite de l’Esprit et de ne pas satisfaire au désir de la chair ». Il continue en donnant une liste impressionnant de situations négatives liées à « la chair », puis propose le fruit de l’Esprit. Peut-être aura-t-on tôt fait de taxer l’apôtre des nations et les chrétiens de moralistes ou de ringards. Cependant il convient d’apprécier la lecture de la lettre à partir de trois critères.

 

– Tout d’abord le contexte qui précède parle fortement de liberté. L’adjectif « libre » revient cinq fois en Gal 4, 21-31. En 5, 13, Paul annonce : « C’est à la liberté que vous avez été appelés ». Cette affirmation reprend celle de 5, 1. Le passage de l’esclavage du péché à la liberté a été garanti par la mort et la résurrection de Jésus et par l’accueil de son Esprit.

– Paul oppose le choix de la chair à l’Esprit. Nous risquons de nous tromper si nous suivons des schémas trop dualistes, comme si l’être humain était divisé en deux ! Dans les deux cas, il s’agit de l’être humain dans sa totalité. La chair le représente dans sa vulnérabilité et sa faiblesse morale. L’Esprit, quant à lui, le pousse à s’ouvrir à Dieu et aux autres.

– Enfin les deux listes établies par Paul ne sont pas originales. Dans le Nouveau Testament, on les retrouve assez fréquemment, ainsi, pour les « œuvres de la chair », en Mt 15, 19 ; Rm 1, 29-30 ; Ap 21, 8, etc. Comme exemples de listes de « vertus », on peut citer Ep 5, 9 ; I P 3, 8-9, etc. Ces listes ont circulé, avec un certain nombre de divergences, dans le Judaïsme ancien et contemporain du 1er siècle. D’autres listes similaires étaient monnaie courante chez les philosophes de l’antiquité, notamment chez les Stoïciens. D’une certaine manière Paul et le Christianisme naissant reflétaient l’éthique de leur temps.

 

L’originalité de la proposition de Paul vient de ce qu’elle une conséquence de l’accueil de l’Esprit. Quand il écrivait aux Corinthiens : « Là où est l’Esprit du Seigneur, là est la liberté », (Co 3, 17), il n’ouvrait pas la voie à des actions débridées ou égoïstes ! Bien au contraire, cette liberté ne peut qu’œuvrer pour le bien puisqu’elle est animée par l’Esprit de Dieu. De ce fait, l’engagement fondamental du baptême, où les passions et les convoitises de la chair ont été crucifiées avec le Christ (Ga 5, 25), demande à être actualisé à travers les choix ou les événements qui tissent le quotidien de la vie.

 

Père Christian

 

Carte du XVème siècle indiquant la Galatie.