Quand tu pries, confine-toi dans ta chambre !

La prière, une aventure
La paroisse St Maurice des Champs a décidé de se donner comme thème de carême : la prière, une aventure. Le choix de ce thème répond à l’invitation de notre évêque à entreprendre une démarche de conversion missionnaire pendant trois ans. La prière est l’une des attitudes recommandées pendant cette deuxième année.
Pour nous accompagner cette démarche, le père Christian Berton met à notre disposition « l’éclairage » suivant.


 

« Quand tu pries, confine-toi dans ta chambre ! ». Cette parole paraît provocatrice au moment où les circonstances nous obligent à rester dans nos maisons ou nos appartements. Nous devons rester à l’écart des uns et des autres.

En fait je paraphrase l’injonction de Jésus : « Toi, quand tu pries, entre dans ta chambre et, après avoir fermé la porte, prie ton Père dans le secret » (Mt 6, 6). A chaque début de carême, au mercredi des cendres, nous entendons cette parole. La même attitude de secret vaut d’ailleurs aussi pour le jeûne et l’aumône.

On notera que Jésus lui-même, sans s’enfermer dans sa chambre, se mettait à l’écart pour prier. Il avait besoin de ce temps, seul, en face à face avec son Père, pour se ressourcer. Ce temps, dans le secret, lui donnait des forces pour continuer sa mission.

 

Il est clair que Jésus visait la droiture de la démarche. L’essentiel consistait dans la vérité de la prière : non pas pour se faire remarquer ni pour déclencher des louanges de la part de ceux qui nous voient. Il fallait fuir toute hypocrisie. Jésus n’a pas cessé de la combattre, car elle constituait un obstacle pour rencontrer le Seigneur ou les autres. Rien à voir donc avec le confinement actuel.

 

Mais ne peut-on pas mettre à profit ce temps de confinement pour s’aventurer dans une démarche de prière ? Bien des psaumes proposent de compter sur le Seigneur lorsqu’on se trouve dans une situation angoissante (Ps 16, 1 ; Ps 59, 17).

 

Je propose de prier le psaume 27.

La personne qui prie fait face à des adversaires. Ces derniers ne sont pas nommés, mais ils lui veulent du mal (v. 2) : ils sont contre elle (v. 2.3). La personne, quant à elle, peut se réfugier en Dieu. Il lui donne un abri sûr (v. 5) où elle pourrait se confiner pour échapper au danger. Elle ne craint rien (v. 1) et peut prier le Seigneur (v. 6) dans son sanctuaire. La prière se fait ardente afin qu’il accueille celui qui le prie (v. 7. 9. 11. 12).

Le fidèle a appris de son expérience qu’aux jours de malheur il peut compter sur le Seigneur : il dit sa confiance et son espérance (v. 13-14). Sans doute avons-nous besoin de les redire, nous aussi, en ces  temps si difficiles. Mais remarquons qu’il a commencé par exprimer sa sa foi et son désir d’être auprès de Dieu (v. 1-6. 8). La supplication ne vient qu’à la fin de la prière (à partir du v. 7) : écoute, n’écarte pas, ne m’abandonne pas, enseigne-moi, conduis-moi.

 

Souvent, lorsque nous prions, nous commençons par demander. Et si nous inversions les choses : dire d’abord notre foi et notre confiance, puis demander ou supplier. C’est d’ailleurs le schéma adopté par un certain nombre de groupes de prière.

Si la prière est une aventure, elle nous fera expérimenter la bonté du Seigneur : « Je verrai le bienfait du Seigneur sur la terre des vivants. Espère dans le Seigneur, sois fort et encourage ton coeur, espère dans le Seigneur » (v. 13-14).

 

Christian Berton

 

Prière du soir, Anna Ancher, 1888, Musée de Skagen (Danemark).