Que faites-vous de vos talents ? (Homélie du dimanche 15 Nov. 2020)
La parabole des talents a laissé des traces dans l’histoire. Quand on parle des talents d’une personne, c’est bien en référence à l’histoire racontée par Jésus. N’y a-t-il pas une émission de télé intitulée « Vous avez un incroyable talent » qu’il convient de mettre en valeur et de faire connaître ?
Au temps de Jésus le mot talent représentait une mesure de poids. Converti dans le monde économique, sa possession était le signe d’une grande richesse. Comment ne pas s’étonner ? Jésus dit une parabole déconcertante en faisant un emprunt au monde des affaires. Le mot à mot donne d’ailleurs des indications : les deux premiers serviteurs ont “fait valoir” les talents reçus, mot à mot : ils “ont fait travailler” l’argent ce qui conduit à une plus-value conséquente. La conclusion de la parabole est affligeante : celui qui a recevra davantage, mais celui qui a peu de biens en aura encore moins. On n’est pas loin de l’injustice !
Pourtant Jésus n’a pas l’intention de promouvoir les rouages impitoyables de l’économie. Il veut, en fait, réfléchir sur l’attitude du disciple. Deux mots retiennent l’attention.
Le verbe confier.
L’homme qui part en voyage confie ses biens à ses serviteurs.
- Le verbe a le sens ici de remettre ses biens, sans pouvoir contrôler ce qu’il adviendra. Il faut presque une dose de naïveté ou d’inconscience pour agir ainsi.
- Mais le verbe a une autre dimension : l’homme fait confiance à ceux à qui il remet ses biens. Il fait un pari sur l’avenir. La première lecture fait le portrait de la femme en qui son mari fait confiance. Grâce à elle, il trouvera le bonheur.
En arrière-fond, il s’agit bien évidemment de l’attitude de Dieu. Aux disciples qui ne savent pas quand aura lieu la rencontre définitive avec Dieu, Jésus annonce qu’il leur fait pleinement confiance pour mener à bien ce qu’il leur a donné.
L’adjectif fidèle.
A son retour de voyage, l’homme qualifie les deux premiers serviteurs de “fidèles” et de “bons”. Mais il traite le troisième serviteur de “mauvais” et “paresseux“. Le troisième avait pensé qu’il suffisait de rendre le bien confié tel qu’il l’avait reçu. La fidélité attendue du Seigneur ne consiste pas à ne rien faire en attendant. Au contraire elle suppose une mise à l’œuvre dans le concret de la vie.
La première lecture fait l’éloge de la femme parfaite. Certes, aux temps anciens, celle-ci était cantonnée au travail domestique, mais ce qu’elle entreprend produit du bonheur. Cela vaut, tant pour la tenue de la maison que pour l’aide aux pauvres. Il ne peut y avoir de fidélité que si elle est active.
La 4ème journée mondiale des pauvres donne l’occasion de vérifier cette fidélité active. Le Pape François a décidé une telle journée en 2016. Cette année, il nous invite à travers un verset biblique : « Tends la main au pauvre » (Si 7, 32), ce qui nous rapproche de la première lecture.
Les pauvres, ils sont proches de nous. La crise sanitaire fait tomber beaucoup de personnes dans la précarité. La prochaine édition du journal ‘Partage’ insistera sur la solidarité qui s’exprime de bien des manières. Si nous devions avoir un coup de cœur, je recommanderais les jeunes mineurs non accompagnés. Ils étaient à la Maison Paul VI, pris en charge par les paroisses ou certains mouvements. L’équipe qui les accompagne pendant ce temps de crise sanitaire voit les ressources manquer. Ne pourrions-nous pas venir à leur aide par un don exceptionnel ? Les pauvres ont des talents. Nous pouvons les aider à les exprimer.
Christian Berton
Textes du dimanche 15 novembre 2020 (AELF)
Quelques remarques pour comprendre la première lecture (Proverbes 31)
La construction de deux versets de la première lecture (Pr 31, 19-20) fait ressortir le parallèle entre le travail domestique et l’aide aux pauvres :
Elle tend la main vers la quenouille
Ses doigts dirigent le fuseau
Ses doigts s’ouvrent en faveur des pauvres
Elle tend la main au malheureux
L’attention sur la main et les doigts décrit l’activité de la femme dont tous bénéficient, la famille et les pauvres qui sont dans le besoin. A noter que tout le livre des Proverbes se termine sur cet éloge de la femme qui procure le bonheur là où elle est.
On pourrait paraphraser avec le chant :
Ouvre mes mains, Seigneur, qui se ferment pour tout garder.
Le pauvre a faim devant ma maison.
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