Qui enverrai-je ? Quel sera notre messager ? (Is 6, 1-6 ; Lc 5, 1-11)

Quel pêcheur obéirait à Jésus au point de repartir lancer le filet après avoir peiné toute une nuit ? Voilà bien un scène étonnante que celle de la rencontre de Jésus avec Pierre et ses associés au bord du lac. On y voit des mouvements contraires : d’un côté une prise de distance avec le rivage pour aller au large (Jésus est au bord du lac / il demande de s’écarter du rivage / Il dit :”Avance au large”). De l’autre la proximité avec Jésus au point de le suivre, c’est-à-dire de devenir son disciple.

  • Il s’agit tout d’abord de prendre de la distance avec la préoccupation immédiate. Jésus se met en position d’enseignement. Quant à Pierre, il doit cesser de laver les filets. Mais, bien plus, la mission suppose qu’on aille au large, comme le demande Jésus. La distance peut être géographique, mais aussi et surtout culturelle. Nous le vivons pleinement tout en restant dans notre propre pays ou dans notre propre ville. Avancer au large où on ne maîtrise pas tout : un vrai défi aujourd’hui où nous cherchons au contraire à tout contrôler.
  • Mais il convient aussi de regarder le mouvement inverse. Pierre fait cette demande : « éloigne-toi de moi. » Il a pris conscience qu’entre lui et Jésus, il n’y a pas photo ! Jésus respire la sainteté et Pierre voit que le péché et le mal l’empêchent freinent son élan. Nous avons le même mouvement dans la vocation d’Isaïe : « Je suis un homme aux lèvres impures », dit-il devant Dieu qui se manifeste (avec le premier ‘Sanctus’ en Is 6, 2) ! Mais Dieu ne s’arrête pas aux faiblesses et aux imperfections. Il abolit les distances et il appelle. Il donne mission. « Me voici, envoie-moi », répond Isaïe. Quant à Pierre et à ses compagnons, ils suivent Jésus, mettant leurs pas dans ses pas. Quant à Paul, il ne se sent pas digne d’être appelé ‘apôtre’ (I Co 15, 9) et, pourtant, il dira : « ce n’est plus moi, c’est le Christ qui vit en moi. »
  • Dieu ne demande pas des personnes parfaites, mais des personnes qui se laissent toucher par sa présence et acceptent de faire de leur vie un chemin de sainteté. Elles se laissent toucher par la question : « Qui enverrai-je ? Quel sera notre messager ? » Cette question vaut pour nous. Quelle réponse allons-nous donner ?

Père Christian Berton

 

Basilique Saint-Apollinaire-Le-Neuf (Ravenne).