Soif de rencontre (Homélie du dimanche 8 Nov. 2020)

Les temps sont cruels. Les textes de ce dimanche 8 novembre nous parlent de rencontres, alors que les conditions sanitaires obligent à un confinement et restreignent les rencontres qui pourraient apporter les germes de la maladie.

 

Les trois textes de ce dimanche nous parlent de moments de rencontre.

  • Dans la première lecture, du livre de la Sagesse (Sg 6, 12-16), c’est la sagesse elle-même qui vient à la rencontre de ceux qui la cherchent. L’attitude requise consiste à se montrer digne d’elle.
  • La lettre aux Thessaloniciens (I Th 4, 13-18) décrit comment se passera la fin des temps : « Nous, les vivants, serons emportés sur les nuées du ciel, à la rencontre du Seigneur ». Le scénario est digne d’un film de science-fiction. Il vise à dire l’objectif : vivre « avec » le Seigneur. Attitude requise : ne pas être abattu mais espérer.
  • L’évangile des dix jeunes filles invitées à un mariage (Mt 25, 1-13) pose les conditions pour rendre possible cette rencontre : être prêt au moment voulu lorsque retentira le cri : « Voici l’époux, sortez à sa rencontre. »
  • En contrepoint, le psaume dit que l’attente du croyant s’exprime en terme de soif de la rencontre :
    « Dieu, tu es mon Dieu,  je te cherche dès l’aurore,
    mon âme a soif de toi,
    après toi languit ma chair,
    terre aride, altérée, sans eau. »

Au triple constat de la sécheresse de la personne (aride, épuisée, sans eau), correspond la triple expression de la recherche : je te cherche, mon âme a soif, ma chair languit.

 

Avaient-elles soif de la rencontre avec le Seigneur, ces dix jeunes filles qui s’étaient assoupies ? Sans aucun doute. On ne se prépare pas à participer à un mariage comme on se prépare à partir au marché. Il ne leur est pas reproché de s’être assoupies. Au temps de Jésus, l’époux pouvait tarder à venir, non pas de son propre fait, mais parce que les palabres entre familles prenaient du temps. En un temps où ne passait pas à la mairie, il fallait bien s’accorder sur le contrat du mariage ! Cela pouvait prendre beaucoup de temps si tout n’avait pas été bien fixé à l’avance .

Les cinq jeunes filles insouciantes ont oublié d’apporter une réserve d’huile. Voilà bien la difficulté. Les conséquences sont désastreuses : elles ne pourront pas participer au cortège sans lampe allumée (imaginons aller à une procession aux flambeaux à Lourdes sans bougie allumée…). L’évangile ne dit pas en quoi consiste cette réserve d’huile. On peut penser à la fidélité du serviteur dont parle le texte précédent dans l’évangile précédent (Mt 24, 45). Mais chacun peut se demander : qu’est ce qui rend légitime ma démarche à la rencontre du Seigneur ? Quelles sont mes réserves en matière de foi, d’espérance et de charité ?

 

Chacun est renvoyé à sa propre responsabilité dans la vie chrétienne. La rencontre ultime avec le Seigneur se prépare au gré des multiples rencontres qui tissent notre existence. Dans Le petit prince d’Antoine de Saint Exupéry, le renard dit qu’il faut se préparer à la rencontre avec l’autre. Pour cela, l’essentiel, invisible, est au fond du cœur.

Notre réserve d’huile est sans doute là, au fond du cœur. Sachons l’entretenir pour vivre avec amour chacune de nos rencontres humaines et nous préparer ainsi à rencontrer le Seigneur.

 

Christian Berton

 

Textes du dimanche 8 novembre 2020 (AELF)

 

La parabole des dix vierges – Phoebe Traquair, Mansfield Traquair Church, Edinburgh. Licence CC BY-SA 4.0