S’ouvrir à l’avenir (Homélie du dimanche 14 Mars 2021)

Tout en lisant les textes proposés à notre réflexion et à notre prière, deux événements ont retenu mon attention.

 

Tout d’abord le pape en Irak. Au cœur des ruines, Fançois dit une parole qui paraît irréelle. Il demande aux Irakiens qui ont fui la guerre, et notamment aux chrétiens, de revenir dans leur pays. Est-ce bien réaliste ?

Cette parole rejoint la 1ère lecture. Les Juifs exilés en Babylonie sont invités, par Cyrus, à rejoindre leur pays, après une longue période d’exil. Le plus étonnant est que ce texte clôt la Bible hébraïque. Il ne s’agit donc pas, pour le Juif pieux, qui lit sa Bible, de fermer le livre, mais de s’ouvrir à une espérance nouvelle.

 

2ème événement. Peut-être avez-vous vu la photo sur le journal. Une religieuse birmane – elle s’appelle Sr Ann Roza – se tient agenouillée devant des soldats et leur demande de ne pas tirer. Elle s’en explique :

« J’étais effrayée, mais je ne suis pas seulement religieuse, je suis aussi citoyenne, et j’ai compris à ce moment-là que mon devoir était d’empêcher ces soldats de s’en prendre à des gens pacifiques… »

Il faut regarder cette photo. Sœur Ann Roza est à genoux, elle a les bras en croix. Les soldats la regardent, sans doute éberlués. Vont-ils reconnaître le signe donné : le signe de la croix. L’un d’entre eux s’est d’ailleurs agenouillé. Signe dérisoire en ces circonstances, fragile, mais nécessaire. C’est le signe qui relaie désormais le serpent de bronze dans le désert. Déjà signe de salut. Ce n’est pas pour rien que le caducée des soignants a adopté ce signe. Il signifie un salut possible grâce à leur action. Le signe de la religieuse nous renvoie à la vie rendue possible grâce à cette croix : « que tout être humain qui croit ait la vie éternelle », dit Jésus. Entendons, que tout être humain accède à la plénitude de vie.

 

Le salut offert ne nous enferme pas dans la passivité. Nous sommes sauvés « par grâce », nous redit la lettre aux Ephésiens. Mais cela ne doit pas rester lettre morte : c’est « en vue de la réalisation d’œuvres bonnes ». Saint Jean s’en fait l’écho : « Celui qui fait la vérité vient à la lumière, pour qu’il soit manifeste que ses œuvres ont été accomplies en union avec Dieu. »

Parce que nous sommes baptisés, nous voilà promoteurs d’espérance à travers les œuvres bonnes que nous pouvons faire. Réentendons Sœur Roza Ann :

« En tant que religieuse, je prie quotidiennement pour le retour de la paix et de la liberté de mon pays, mais en tant que citoyenne, je sais que la prière ne suffit pas et qu’il faut agir. »

Le pape François nous invite à ouvrir des chemins d’espérance dans sa lettre ‘Tous frères’. L’espérance passe par le respect de tous.

« Pour qu’une société ait un avenir, il lui faut cultiver le sens du respect en ce qui concerne la vérité de la dignité humaine à laquelle nous nous soumettons. Par conséquent, on n’évitera pas de tuer quelqu’un uniquement pour éluder la réprimande de la société et le poids de la loi, mais par conviction. C’est une vérité incontournable que nous reconnaissons par la raison et que nous acceptons par la conscience. Une société est noble et respectable aussi par son sens de quête de la vérité et son attachement aux vérités les plus fondamentales. »

 

Apprends-nous, Seigneur, à ouvrir des chemins d’espérance à ceux et celles qui comptent sur nous. Amen.

 

Christian Berton

 

Textes du dimanche 14 mars 2021 (AELF)