Un disciple peut en cacher un autre (Mc 10, 46-52) !
L’évangile de Marc est riche en rebondissements. Quand il nous parle de l’aveugle Bartimée sur le bord du chemin, il commence par nous dire qu’il a peu de chances d’être entendu. En effet, les disciples bloquent l’accès à Jésus. Il ne faut pas déranger le maître ! Qu’il se taise donc (Mc 10, 48) ! Mais l’homme crie de plus belle : « Fils de David, aie pitié de moi ! » Et Jésus de le faire appeler et de lui signifier que sa foi l’a sauvé (v. 52). Dès lors, il voit à nouveau et suit Jésus sur son chemin.
Dans la grande section qui va de Mc 8, 22 à 10, 56, Jésus annonce trois fois sa passion et sa résurrection. Les disciples éprouvent des difficultés à le suivre sur le chemin de Jérusalem. Ce thème resurgit précisément en 10, 33-34. Ils devraient comprendre ce qui se passe. Mais c’est tout le contraire qui arrive.
Il suffit de comparer l’attitude des disciples et celle de l’aveugle Bartimée pour s’apercevoir que le vrai disciple n’est peut-être pas celui auquel on pense.
- A la première question de Jacques et Jean, Jésus rétorque : « Que voulez-vous que je fasse pour vous ? » (v. 36). C’est exactement ce qu’il demande à Bartimée (v. 51).
- Alors que Jacques et Jean souhaitent « être assis à la droite et à la gauche de Jésus dans sa gloire » (v. 37), Bartimée, qui « était assis au bord du chemin » (v. 46), bondit, s’approche de Jésus et se met en route derrière lui (v. 50-52).
- Les disciples suivaient Jésus avec crainte sur le chemin de Jérusalem (v. 32). Mais voici que l’aveugle guéri le suit à son tour sur ce même chemin (v. 52). La rencontre avec le Fils de David l’a transformé à ce point que lui, qui était au bord du chemin, se trouve maintenant sur le chemin !
L’évangéliste Marc laisse le lecteur conclure lui-même. Le vrai disciple n’est pas celui qui essaie de se trouver une position confortable et bien assise ! Bien au contraire, il bouge et met ses pas dans les pas de Jésus, même quand il va à Jérusalem. A Jacques et Jean, ainsi qu’aux autres disciples apeurés, Bartimée indique l’attitude qu’il convient d’adopter : dans la foi, se mettre à la suite de Jésus sur le chemin qu’il emprunte.
Ce n’est pas pour rien que certains appellent l’évangile de Marc « le livre du disciple », car il aide effectivement les chrétiens à se mettre à la suite de Jésus. Mais il avertit à sa manière : il ne suffit pas d’avoir été appelé depuis le début pour être reconnu comme disciple. A regarder l’exemple de l’aveugle Bartimée, on voit qu’il ne s’agit pas d’un titre à garder comme un bien précieux, mais d’une mise en mouvement sur un chemin dont Jésus seul connaît l’itinéraire.
Père Christian
