Une catéchèse solide
Alors qu’un certain nombre d’enfants, de jeunes et adultes se mettent en route pour la catéchèse, il est bon de réfléchir sur l’origine de ce mot et sur son importance dès le début du Christianisme.
Le mot catéchèse est modelé à partir d’un verbe grec (katèchéô) qui signifie résonner. A partir de là, il a pris le sens large d’informer (Ac 21, 21.24), mais de manière plus précise de transmettre, instruire. Ainsi Saint Luc avertit son lecteur Théophile qu’il pourra « constater la solidité des paroles au sujet desquelles il a été instruit » (Lc 1, 4). En Ac 18, 25, le même Luc rapporte qu’Appollos « avait été instruit dans la voie du Seigneur ». L’instruction existait d’ailleurs dans le Judaïsme (Rm 2, 18). Avec d’autres textes comme I Co 14, 19, Ga 6, 6, on peut affirmer que la catéchèse est du domaine de l’instruction ou de l’enseignement. Mais le mot a pris aujourd’hui une tournure scolaire à laquelle on ne saurait résumer l’acte catéchétique. Pour rester fidèle à l’origine du mot, la catéchèse a consisté, dès le début, à faire résonner la Bonne Nouvelle dans le cœur des catéchumènes. Pour rester au plus proche de l’étymologie, on pourrait dire qu’il consiste à provoquer un écho à l’annonce de l’Evangile (en grec, le mot èchos signifie précisément son, bruit, d’où écho).
Un autre verbe se profile, celui d’enseigner. En effet, les premières communautés chrétiennes ont porté le souci d’enseigner les chrétiens. Ainsi celle d’Antioche a bénéficié de l’enseignement de Paul. Il y est resté une année entière (Ac 11, 26). Par la suite elle pouvait compter sur des prophètes et des enseignants (Ac 13, 1). Certaines Bibles les appellent des didascales, nom calqué sur le mot grec (d’où vient le mot didactique, etc.). A Corinthe, Paul est resté un an et demi pour « enseigner la parole de Dieu» (Ac 18, 11), deux ans à Ephèse (Ac 19, 10).
Les communautés chrétiennes avaient besoin de nombreuses personnes pour assurer les différents services. Les enseignants en font partie. Ils sont mentionnés en troisième position dans la liste des rôles nécessaires à Corinthe (I Co 12, 27). On les retrouve encore dans la liste de Rm 12, 7 et d’Ep 4, 11. Il s’agit, avec d’autres, de mettre les chrétiens « en état d’accomplir le ministère pour bâtir le corps du Christ » (Ep 4, 12).
Ainsi la catéchèse est devenue très rapidement un ministère essentiel à la vie de l’Eglise. Mais on ne saurait la réduire à quelques années de l’enfance ! Tout chrétien est appelé à se nourrir de l’enseignement. Saint Paul rappelle qu’il n’a fait boire que du lait aux Corinthiens, non de la nourriture solide, comme à des petits enfants. D’une certaine manière son enseignement n’assurait que les bases (I Co 3, 2). Manifestement il restait beaucoup à faire. L’auteur de la lettre aux Hébreux, quant à lui, reproche aux chrétiens de ne pas avoir assez progressé : « Vous en êtes arrivés au point d’avoir besoin de lait, non de nourriture solide ». Or pour être adulte dans la foi, il convient de prendre une nourriture consistante ! (He 5, 12-14). L’avertissement a traversé les siècles. Acceptons-nous de nous laisser instruire, même à l’âge adulte, pour « discerner ce qui est bon et ce qui est mauvais » (He 5, 14) ?
Père Christian