Voici le jour que fit le Seigneur : prier avec le psaume 118

La prière, une aventure
La paroisse St Maurice des Champs a décidé de se donner comme thème de carême : la prière, une aventure. Le choix de ce thème répond à l’invitation de notre évêque à entreprendre une démarche de conversion missionnaire pendant trois ans. La prière est l’une des attitudes recommandées pendant cette deuxième année.
Pour nous accompagner cette démarche, même après le carême, le père Christian Berton met à notre disposition « l’éclairage » suivant.

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Le psaume 118 (117) résonne particulièrement dans le temps pascal avec le refrain bien connu tiré du verset 24 : ‘Voici le jour que fit le Seigneur, jour de fête et de joie’. On le chante notamment le dimanche de Pâques. Il invite à l’action de grâces pour la bonté et la fidélité du Seigneur (v. 1-4. 29). Une personne, que certains identifient au roi, a vécu une situation de détresse, peut-être lors d’une bataille (v. 10-12). Le Seigneur a répondu favorablement à sa prière en lui donnant le salut ou la victoire (v. 15). En hébreu, le même mot signifie ‘victoire’ et ‘salut’. Suite à cela, la personne demande à entrer dans le temple pour rendre grâces (v. 19).

 

Pour mieux prier ce psaume, il est bon d’en apprécier le plan :

v. 1-4 : invitation à l’action de grâces.

v. 5-9 : confiance dans le Seigneur : le Seigneur a répondu favorablement à la prière. On remarquera la triple répétition : ‘Le Seigneur est pour moi’ (v. 6). La personne compte sur le Seigneur plus que sur un humain (v. 6.8).

v. 10-12 : la bataille vue comme un encerclement et le dépassement de la difficulté : ‘au nom du Seigneur, je les pourfends’.

v. 13-18 : expérience du salut. Deux formules parallèles limitent cette section : ‘On m’a poussé, poussé pour m’abattre’ (v. 13) et ‘il m’a corrigé, corrigé, le Seigneur’ (v. 18). Les deux sont accompagnées de l’assistance du Seigneur : ‘Le Seigneur m’a aidé’ (v. 13) et ‘à la mort il ne m’a pas livré’ (v. 18). Entre ces deux bornes, sont mentionnés le chant de salut (v. 14-15a) et la proclamation de ce que le Seigneur a fait (15b-16). L’expérience du salut devient une certitude : ‘je ne mourrai pas car je vivrai» (v. 17).

v. 19-28 : action de grâces dans le sanctuaire. Cette section commence par une demande d’ouvrir les portes pour rendre grâces (v. 19) et se termine par l’action du grâces effective (v. 28).

On remarquera deux parties. Les v. 20-23 concernent le lieu : ‘Voici la porte’ (v. 20). Cette présentation est suivie d’un émerveillement (v. 22-23). Les v. 24-27 concernent le temps : ‘Voici le jour’. Il s’agit d’un jour particulier avec une mise en procession (v. 27). Cela explique pourquoi le « je » rejoint un « nous ». Sans doute faut-il voir un dialogue entre les pèlerins qui venaient au temple pour la fête des tentes (cf. v. 27) et les lévites chargés d’accueillir ceux qui venaient et d’organiser la procession.

v. 29 : conclusion : invitation à la louange

 

Pour prier ce psaume, on peut suivre plusieurs pistes.

 

  • Il invite à rejoindre la prière du Christ qui met sa confiance en son Père. Les versets 22-23 résument ce passage de la mort à la vie : ‘La pierre rejetée des bâtisseurs est devenue pierre d’angle. C’est là l’œuvre du Seigneur, une merveille à nos yeux’. On retrouve ce verset en totalité ou en partie en Mc 12, 10-11, Ac 4, 11 et I P 2, 7. Il a servi à exprimer la mort et la résurrection de Jésus. Celui qui a été méprisé est désormais à la tête de l’édifice.
    On devine la prière confiante de Jésus au moment de sa passion. Elle exprime en effet l’assurance de la présence du Père à ses côtés : ‘Le Seigneur est pour moi’ (trois fois dans les v. 6-7) puis : ‘il a été pour moi le salut’ (v. 14) et ‘tu as été pour moi le salut’ (v. 21).

 

  • En nous coulant dans la prière de Jésus, nous éprouvons nous-mêmes que la fidélité du Seigneur n’est jamais démentie, même au moment de l’épreuve. Le v. 5 donne un résumé de la situation : ‘Dans mon angoisse, j’ai appelé le Seigneur. Il m’a répondu par une mise au large, le Seigneur’. Le mot angoisse, en hébreu comme en français, évoque l’état de ce qui est resserré. Une telle situation engendre la prière. Elle espère une sortie heureuse, loin de tout ce qui a l’occasionnée. On peut penser à la mise au tombeau (espace resserré) et à la résurrection (élargissement de l’espace). Mais nul doute que toutes les angoisses, quelque soient leurs origines, désirent dépasser l’inconfort ressenti. Comment ne pas penser à la situation actuelle de confinement : les espaces limités et resserrés imposés par les circonstances attendent une mise au large lorsque viendra l’heure du déconfinement !

 

  • Enfin on peut prier ce psaume en vibrant avec toute l’Église. En effet la personne qui entre dans le sanctuaire rejoint une assemblée en fête. Les Juifs célébraient dans la joie la fête des Tentes, évoquée au v. 27 : ‘Formez vos cortèges, rameaux en main, jusqu’aux cornes de l’autel’. Nous en retrouvons les accents dans celle des Rameaux, une semaine avant Pâques, avec l’acclamation : ‘Hosanna, béni soit celui qui vient au nom du Seigneur’ (v. 25). Les chrétiens célèbrent ainsi Jésus venant dans la ville sainte. A chaque messe, nous reprenons cette même acclamation. ‘Hosanna’ est la translitération de l’hébreu : ‘hoshi’a na’ qui signifie : ‘Sauve, de grâce’.

 

 

Seigneur, au jardin de Gethsémani, tu as ressenti tristesse et angoisse. Lors de ta passion, tu as été méprisé et rejeté. Mais tu t’en es remis à ton Père, dans la confiance que lui seul pouvait venir à ton aide. Nous reconnaissons dans ta résurrection l’œuvre de Dieu. Aussi nous voulons le louer et rendre grâces pour ce jour où est manifesté le salut.

Nous voici aujourd’hui devant toi avec nos peurs et nos incertitudes pour l’avenir. L’épreuve sanitaire que traverse le monde nous oblige à rester dans nos espaces étroits et confinés. Élargis notre horizon afin que nous puissions, à nouveau ensemble réunis, te rendre grâces pour les merveilles que tu réalises et le salut que tu nous accordes.   

 

 

Christian Berton

 

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Texte du Psaume 118 (117) (TOB)

1 Célébrez le Seigneur, car il est bon,
et sa fidélité est pour toujours.
2 Qu’Israël le redise :
« Sa fidélité est pour toujours ! »
3 Que la maison d’Aaron le redise :
« Sa fidélité est pour toujours ! »
4 Que ceux qui craignent le Seigneur le redisent :
« Sa fidélité est pour toujours ! »
5 Quand j’étais assiégé, j’ai appelé le Seigneur :
le Seigneur m’a répondu en me mettant au large.
6 Le Seigneur est pour moi, je ne crains rien,
que me feraient les hommes ?
7 Le Seigneur est pour moi, il me vient en renfort,
et je toise mes ennemis.
8 Mieux vaut se réfugier près du Seigneur
que compter sur les hommes !
9 Mieux vaut se réfugier près du Seigneur
que compter sur les princes !
10 Toutes les nations m’avaient encerclé :
au nom du Seigneur, je les pourfendais.
11 Elles m’ont encerclé, encerclé :
au nom du Seigneur, je les pourfendais.
12 Elles m’ont encerclé comme des guêpes ;
elles se sont éteintes comme un feu d’épines,
au nom du Seigneur, je les pourfendais.
13 Tu m’avais bousculé pour m’abattre,
mais le Seigneur m’a aidé.
14 « Ma force et mon cri de guerre, c’est LUI ! »
« Je lui dois la victoire ! »
15 Clameur de joie et de victoire
dans les tentes des justes :
« La droite du Seigneur fait un exploit !
16 la droite du Seigneur est levée !
la droite du Seigneur fait un exploit ! »
17 Non, je ne mourrai pas, je vivrai
pour raconter les œuvres du Seigneur :
18 Certes le Seigneur m’a corrigé,
mais il ne m’a pas livré à la mort.
19 Ouvrez-moi les portes de la justice,
j’entrerai pour célébrer le Seigneur.
20 – C’est la porte du Seigneur ;
que les justes entrent !
21 Je te célèbre car tu m’as répondu,
et je te dois la victoire.
22 La pierre que les maçons ont rejetée
est devenue la pierre angulaire.
23 Cela vient du Seigneur :
c’est une merveille à nos yeux !
24 Voici le jour que le Seigneur a fait :
qu’il soit notre bonheur et notre joie !
25 Donne, Seigneur, donne la victoire !
Donne, Seigneur, donne le triomphe !
26 Béni soit celui qui entre, au nom du Seigneur !
– Nous vous bénissons depuis la maison du Seigneur.
27 Le Seigneur est Dieu et il nous a donné la lumière :
Formez le cortège, rameaux en main,
jusqu’aux cornes de l’autel.

28 – Tu es mon Dieu ! et je te célèbre,
mon Dieu, et je t’exalte.
29 Célébrez le Seigneur, car il est bon
et sa fidélité est pour toujours.