Vraie ou fausse info ? (Homélie du 11 avril 2021, 2ème dimanche de Pâques)

Notre époque nous a sensibilisés à la question de fausses infos. Les réseaux sociaux nous en abreuvent, au point que nous tombons dans le panneau. Parfois il est difficile de distinguer le vrai du faux. A qui faire confiance ? Le pape François nous le dit dans sa lettre « Tous Frères » : « La sagesse ne se forge pas avec des recherches anxieuses sur internet, ni avec une somme d’information dont la véracité n’est pas assurée ! »

Thomas ne voulait pas donner de crédit à la parole des autres disciples. Ce qu’ils lui disaient lui paraissait tout simplement incroyable : « Nous avons vu le Seigneur ». Pour lui, une fausse bonne nouvelle !

Il faut dire qu’il n’a pas tort. L’évangile de Matthieu rapporte, par exemple, que les autorités ont propagé la nouvelle que les disciples avaient volé le corps de Jésus la nuit, pendant que les gardes du tombeau dormaient, et qu’on l’avait mis dans un autre endroit. Une explication qui ne manque pas de vraisemblance. Thomas a raison : on ne croit pas quelqu’un sur parole sans que cette parole ne soit crédible. Alors il veut voir, il veut toucher : « Non, je ne croirai pas ». Il veut vérifier qu’on lui parle bien de ce même Jésus qu’il a suivi.

Nous lui ressemblons. Nous aussi, nous voudrions voir, être absolument sûr. Mais la foi n’est pas un constat. Elle s’attache à une parole qui nous a été transmise. Que dit-elle, cette parole ? Nous avons vu le Seigneur. Les mots ont leur importance : les disciples ne disent pas : « Nous avons vu Jésus », mais « le Seigneur ». Il s’agit bien de Jésus, le même, mais ressuscité, tout autre.

Nous ne vivons que sous le régime de la parole transmise. Qu’est-ce qui fait qu’aujourd’hui nous aussi accordions de l’importance à cette parole ? Qu’est ce qui fait qu’aujourd’hui nous donnions tant d’importance à la catéchèse ? Qu’est-ce qui fait qu’aujourd’hui, nous pensons qu’il est impératif de faire connaître ce message qui, de bouche à oreille, est arrivé jusqu’à nous ? Qu’est-ce qui fait qu’aujourd’hui des personnes se mettent en marche vers le baptême ?

Notre crédibilité se mesure selon trois critères, nous disent les textes bibliques de ce matin :

  • Tout d’abord le primat de l’amour. L’amour de Dieu ne va pas sans l’amour fraternel, dit saint Jean. Nous devrions vérifier la cohérence de nos comportements. Les commandements de Dieu sont une aide pour vivre en vérité dans ce monde. « L’amour de l’autre pour lui-même nous amène à rechercher le meilleur pour sa vie », écrit encore le pape, parce que, pour lui, « ce qui ne doit jamais être mis en danger, c’est l’amour ».

 

  • Cet amour prend forme concrète. C’est le 2ème critère : la parole transmise prend forme. Les croyants avaient « un seul cœur et une seule âme… Il mettaient tout en commun ». Je garde comme un beau souvenir de Brazzaville, lorsque le dimanche les gens apportaient en procession dansante des offrandes qui, ensuite, étaient distribuées aux personnes qui en avaient besoin. Et elles étaient nombreuses sur la paroisse. Nous avons ici, à Lille, les repas solidaires, l’association ‘Coup de pouce Saint Maurice’ pour répondre aux besoins des personnes. C’est ainsi que les « apôtres rendaient témoignage à la résurrection ».

 

  • Enfin le don de la paix. C’est la parole de Jésus lorsqu’il rejoint les disciples confinés. Je ne crois pas à la paix qui consiste à s’afficher dans une communauté croyante d’un côté et de prôner la violence de l’autre. C’est le cas déplorable de certains grands dirigeants. La paix est un élan qui nous fait nous tourner vers l’autre. Même s’il est différent, il est mon frère, ma sœur. C’est ce que nous faisons lorsque nous nous tournons les uns vers les autres lors de chaque messe pour nous offrir le don de la paix. Nous souhaitons à cet autre le meilleur pour sa vie : que cette vie soit belle, dans la joie de la résurrection. Alors, oui, nous pouvons vérifier que ce n’est pas une fausse nouvelle que d’accueillir et de vivre ensemble la joie de la résurrection.

 

Christian Berton

L’incrédulité de saint Thomas, Le Guerchin, Musée du Vatican

Textes du dimanche 11 avril 2021 (AELF)